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Gabon : vers un renforcement de l’importation de sucre pour le marché local

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Alors que le Cameroun voisin a décidé renoncer aux importations de sucre en 2024 comme annoncé par le ministre du Commerce, Luc Malgloire Mbarga Atangana, à l’issue d’une récente réunion de concertation et d’orientation avec les acteurs de la filière, le Gabon a pour sa part décidé d’emprunter le chemin inverse. Ainsi, suite au rachat de Sucaf Gabon par le turc MFB International, le pays devrait importer pour cette année, au moins 30000 tonnes de sucre.

Ce vendredi 26 avril 2024, le ministre de l’Economie et des Participations, Mays MOUISSI, recevait à son cabinet les représentants du groupe turc MFB International avec en toile de fond le rachat de la Sucrerie Africaine du Gabon (Sucaf), à travers sa filiale MFB Gabon. Officialisée quelques heures après ces échanges qui ont principalement porté sur la signature du contrat de cession et d’acquisition d’actions, amorçant ainsi le changement de dénomination de Sucaf Gabon qui devient Les Sucreries du Gabon, cette opération prévoit notamment un renforcement de l’importation de sucre pour le marché local.

Selon les termes de l’accord, Les Sucreries du Gabon, acquise à 90% par la société MFB Gabon, régulièrement constituée dans notre pays pour  1 FCFA symbolique, assurera la couverture du marché national pour une période de douze (12) mois par l’importation de 10000 tonnes de sucres par trimestre. Considérant qu’il en reste trois (3) pour boucler l’exercice, ce sont donc au moins 30000 tonnes de sucre qui devraient être importées. Non sans risques pour notre économie, puisque l’importation de sucre peut grandement contribuer aux déséquilibres commerciaux. 

Le Gabon à contrepied du Cameroun voisin

Alors qu’MFB Gabon a déjà procédé à la commande de sucre pour le prochain trimestre, cette résolution prise de concert avec les autorités gabonaises prend le contre pied de celle prise par les autorités camerounaises notamment qui ont décidé renoncer aux importations de sucre en 2024. Une décision prise pour favoriser le développement du secteur sucrier local. Si au Gabon cette décision s’inscrit dans une logique de “reculer pour mieux sauter”, puisqu’MFB Gabon prévoit un investissement minimum de 11 milliards de FCFA pour la réhabilitation et la modernisation de l’usine et de tous les outils de production, elle interroge toutefois quant à la capacité qu’avait jusque-là le pays à produire cette denrée de première nécessité.

Par ailleurs, au regard des précédents, difficile de savoir si l’Etat accordera réellement le champ libre aux Sucreries du Gabon pour se déployer pleinement, étant entendu que c’est son passif qui a conduit Sucaf, désormais ex unique producteur de sucres dans le pays, à faire une croix sur le Gabon. Sachant que les mauvaises habitudes ont la vie dure, dans un pays qui importe pour plus de 400 milliards de FCFA de denrées alimentaires par an, le principal risque aujourd’hui c’est que l’importation devienne la norme. Ce qui ne permettra ni de préserver les 250 emplois permanents actuels du secteur, ni d’accroître la production de sucre et encore moins de diversifier les activités.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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