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Gabon : vers la fin du multipartisme de façade ?

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Au terme de dix jours de travaux intenses, le Comité chargé de rédiger le projet de loi sur les partis politiques a proposé une réduction drastique du nombre de formations politiques. Une réforme annoncée comme salutaire face à un système jugé inflationniste, inefficace et perverti par les ambitions individuelles.

Réuni sous l’égide du ministère de la Réforme des institutions, le Comité composé de représentants politiques, juristes et membres de la société civile, a rendu ses premières recommandations ce 28 mai 2025. Objectif : assainir le paysage partisan gabonais, aujourd’hui saturé par des structures sans ancrage réel ni vision idéologique claire.

Trop de partis, pas assez de démocratie

« Il est crucial de rejeter la tentation de transformer les partis politiques en simples outils d’intérêts personnels », a martelé François Ndong Obiang, ministre de la Réforme des institutions, en clôturant les travaux. Une déclaration lourde de sens dans un pays qui compte plus d’une centaine de partis, souvent créés pour négocier des postes, absorber les financements publics, ou servir d’alibis à des stratégies personnelles.

Cette situation, qualifiée par plusieurs experts de « multipartisme de façade », empêche l’émergence de véritables projets de société. Dans les faits, moins de 10 formations participent régulièrement aux échéances électorales, et encore moins disposent d’un appareil militant structuré.

Vers une législation plus rigoureuse et sélective

Parmi les pistes envisagées : soumettre les partis à une obligation d’implantation territoriale minimale, conditionner leur reconnaissance à des résultats électoraux concrets, et renforcer le contrôle des financements. L’idée est de faire du statut de parti politique un privilège démocratique assorti de devoirs, et non un passe-droit pour ambitions opportunistes.

« Nous devons dépasser cette mentalité démocraticide pour bâtir une nouvelle ère où les partis politiques, en tant qu’acteurs de notre vie publique, jouissent de leurs privilèges sans se laisser corrompre par des ambitions individuelles », a souligné François Ndong Obiang.

Un test grandeur nature pour la Vème République 

Cette réforme s’inscrit dans le cadre plus large de la refondation institutionnelle engagée depuis le coup d’État du 30 août 2023. En mettant de l’ordre dans le paysage partisan, le gouvernement de la Transition entend restaurer la crédibilité du jeu démocratique avant les échéances électorales prévues en septembre 2025.

Mais la réussite de cette réforme dépendra de la capacité à traduire les recommandations du comité en texte de loi clair, équilibré et applicable. Une chose est sûre : le Gabon ne peut plus se permettre un système politique où les partis foisonnent sans projet, sans programme, et surtout sans peuple.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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