Gabon : une politique budgétaire expansionniste sous le feu des critiques
Depuis 2024, le gouvernement gabonais a adopté une approche expansionniste, augmentant significativement les dépenses publiques pour répondre à des besoins sociaux et infrastructurels pressants. Dans ce contexte, le déficit budgétaire devrait atteindre 5,3% du PIB en 2025 et 5,8% en 2026 selon plusieurs sources. Cette trajectoire inquiétante est largement attribuée à une série de mesures coûteuses, telles que l’extension du recrutement dans le secteur public et l’effacement des arriérés de retraite, sans contrepartie réelle en termes de recettes fiscales et même dans une moindre mesure, le retour des bourses aux secondaires.
La récente suspension des décaissements de la Banque Mondiale envers le Gabon, annoncée le 13 janvier 2025, met en lumière les conséquences d’une politique budgétaire expansionniste qui suscite de vives critiques. Avec des arriérés de 17 milliards de FCFA, le pays est confronté à une crise de liquidités exacerbée par des choix budgétaires discutables et une gestion des dépenses extrabudgétaires peu rigoureuse. En augmentant significativement les dépenses publiques pour répondre à des besoins sociaux jugés urgents, le gouvernement a cédé une tentation plutôt politique qu’économique.
Cette stratégie a d’ailleurs rapidement montré ses limites, notamment avec l’accumulation d’impayés qui a conduit à la décision de la Banque mondiale de suspendre ses financements pas une, mais deux fois. Lors du sommet extraordinaire de la CEMAC en décembre dernier, le Fonds Monétaire International (FMI) avait également exprimé ses préoccupations, soulignant les tensions de trésorerie auxquelles fait face le Gabon en ce début d’année 2025. L’institution de Bretton Woods avait déjà tiré la sonnette d’alarme concernant le niveau d’endettement.
Des dépenses extra-budgétaires injustifiées
Les dépenses extrabudgétaires constituent un autre point de tension majeur. Des initiatives coûteuses, comme la création d’une compagnie aérienne nationale et d’une banque de développement, ont été annoncées sans plan de financement clair. Bien que les autorités assurent que ces projets n’auront pas d’impact budgétaire direct, leur coût potentiel et leur calendrier restent flous, ajoutant une incertitude supplémentaire à la stabilité fiscale du pays. La Banque Mondiale a également critiqué ces décisions, les qualifiant de facteurs aggravants pour la situation économique du Gabon.
Le manque de rigueur dans la gestion des finances publiques est également illustré par l’accumulation d’arriérés. Ces pratiques fragilisent davantage la situation économique du Gabon, où les ressources sont déjà limitées par une baisse attendue des revenus pétroliers. Cette gestion imprudente qui compromet la viabilité financière à long terme du pays, combinée à une gestion laxiste des dépenses extrabudgétaires, met le pays dans une position délicate. La suspension des financements par la Banque mondiale n’est peut être que le premier signal d’alarme pour les autorités, les incitant à réviser leur approche pour éviter une détérioration accrue de la situation économique.
GMT TV