Gabon : une PME au bord du dépôt de bilan faute d’une signature des Eaux et Forêts depuis 2 ans
						Rien ne semble plus aller pour Bonene Exploitation, une PME gabonaise spécialisée dans l’exploitation forestière. Son directeur général, Donatien Ndoue Ngogne, a tiré la sonnette d’alarme ce 3 novembre 2025 à Libreville, lors d’un point-presse au ton désespéré. En cause, l’absence depuis près de deux ans d’une autorisation de mise en exploitation que doit délivrer le ministère des Eaux et Forêts. Un simple document administratif devenu le maillon manquant d’une chaîne désormais rompue. Car sans cette signature, impossible pour l’entreprise d’honorer ses engagements financiers, alors qu’un prêt de 60 millions de FCFA a été contracté auprès de BGFIBank pour financer les activités et l’aménagement des forêts communautaires.
Selon le chef d’entreprise, cette situation met en péril non seulement la survie de la société, mais aussi celle de 42 employés gabonais dont les salaires ne peuvent plus être assurés. Les projets d’exploitation à Mitzic-Sam, Batoala et Booué, pourtant déjà financés, sont à l’arrêt. Pire encore, les échéances bancaires continuent de courir, menaçant à court terme la PME de cessation de paiement. « La banque a cru en nous, les communautés villageoises aussi. Mais depuis deux ans, on nous fait attendre un document pourtant essentiel. À ce rythme, c’est toute une chaîne économique qui s’effondre », a dénoncé Donatien Ndoue Ngogne, visiblement à bout de souffle.
Un paradoxe entre discours politiques et réalité administrative
Le cas de Bonene Exploitation illustre les contradictions flagrantes entre les discours politiques en faveur de l’entrepreneuriat national et les blocages administratifs auxquels se heurtent les porteurs de projets. Alors que les autorités multiplient les appels à soutenir les PME pour relancer l’économie et créer des emplois, les lourdeurs bureaucratiques continuent d’étouffer les initiatives privées. L’entrepreneur raconte avoir sollicité à plusieurs reprises le ministère des Eaux et Forêts, sans résultat. Même une intervention de la Haute Représentante du président de la République serait restée sans effet.
Face à ce silence administratif, la situation devient intenable. « On demande aux Gabonais de créer leurs entreprises, mais on ne nous laisse pas travailler », déplore-t-il. Les investissements engagés, évalués à plus de 13 millions de FCFA pour la seule extension de la zone d’exploitation, risquent d’être perdus. Pour Bonene Exploitation, chaque jour sans signature rapproche un peu plus la société du dépôt de bilan. Un paradoxe saisissant dans un pays où la lutte contre le chômage et la valorisation du secteur privé figurent pourtant parmi les priorités gouvernementales. En attendant une réaction du ministère, l’entreprise continue de s’enfoncer dans une spirale financière dont elle peine à voir l’issue.
				









GMT TV