Gabon : une passerelle piétonne, deux jours de paralysie pour la RN1 !

Alors que le ministère des Travaux publics a annoncé la fermeture totale de la RN1 à hauteur de Bizango-PK13 les 2 et 3 août 2025 pour l’installation d’une simple passerelle piétonne, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une méthode de travail anachronique et une planification à contretemps, dans un pays où chaque coup de pelle devient un casse-tête national.
Une fermeture qui interroge sur l’efficacité de nos méthodes. C’est un petit communiqué officiel, presque anodin, signé personnellement par le ministre Edgard Moukoumbi, qui a mis le feu aux poudres. On y apprend que la Route nationale 1 (RN1), artère vitale reliant Libreville à l’intérieur du pays, sera totalement fermée dans les deux sens durant 48 heures. En cause ? L’installation d’une passerelle piétonne à hauteur de l’école publique de Bizango-PK13. Une opération technique simple en apparence, mais aux conséquences logistiques disproportionnées.
« Comment expliquer qu’un ouvrage aussi modeste nécessite deux jours de paralysie totale de la RN1 ? » s’étonne un usager régulier de cet axe. Dans d’autres pays, ces installations s’opèrent en quelques heures, de nuit, sans provoquer d’interruption majeure de la circulation. Ici, c’est tout un week-end de mobilité sacrifié, en pleine saison estivale.
Un chantier à la gabonaise : lenteur, gêne et résignation
L’annonce a le mérite de la transparence, mais elle illustre surtout un mal bien connu des Gabonais : l’extrême lenteur des travaux publics, couplée à une planification souvent déconnectée des réalités du quotidien. « Même pour une passerelle, on doit emprunter une déviation par Bikélé comme si c’était un pont sur l’Ogooué ! », ironise un automobiliste rencontré sur les lieux.
Entre techniciens qui prennent leur temps, matériel mobilisé à la dernière minute, et communication officielle satisfaite de signaler l’évidence, la méthode Moukoumbi a de quoi faire sourire… ou grincer des dents. « Ce n’est pas une cathédrale qu’on installe, mais une passerelle ! » peste un autre usager.
Une gouvernance du détail qui frôle la caricature
Qu’un ministre signe lui-même un communiqué pour une simple perturbation routière pourrait être vu comme un souci du détail. Mais dans un pays où les grands chantiers structurants manquent d’impulsion et de coordination, cette microgestion surprend. « On dirait que le conseiller en communication a sorti sa plus belle plume pour rendre solennel ce qui ne devrait être qu’un alinéa dans le compte rendu d’une réunion au ministère », raille un observateur de la vie publique.
Reste une question de fond : jusqu’à quand les Gabonais devront-ils accepter des désagréments majeurs pour des opérations banales ? Le progrès technique n’a-t-il pas encore atteint les trottoirs de Bizango ? Ou faut-il vraiment 48 heures et une route coupée pour sceller deux piliers et poser une passerelle ?
En attendant, ce week-end du 2 et 3 août, c’est le pays tout entier qui fera un détour… pour traverser la lenteur.
GMT TV