Gabon : une dette publique sous tension qui inquiète désormais toute la CEMAC
Avec un endettement qui dépasse les 70 % du PIB et pourrait atteindre 86,1 % en 2027 selon la Banque mondiale, le Gabon entre dans une zone de risque qui dépasse largement ses frontières. D’après Africa Intelligence, la situation financière du pays pourrait fragiliser les négociations du Tchad et de la Centrafrique avec le FMI, mettant sous pression toute la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC).
Un endettement record qui pèse sur la stabilité régionale. Le Gabon fait face à un niveau d’endettement sans précédent. Selon les données compilées par DirectInfosGabon, la dette publique gabonaise atteignait déjà 72,5 % du PIB en 2024, contre 70,6 % en 2023. Une trajectoire ascendante qui continue de se creuser, alimentée par une politique de dépenses expansionniste, des coûts d’emprunt élevés et des engagements budgétaires mieux comptabilisés, souvent hérités des années de gabegies du régime précédent.
À fin mars 2025, les chiffres de la Direction générale de la Dette (DGD) confirment l’ampleur du phénomène de l’ordre de 7 179,056 milliards de FCFA, dont 4 180,741 milliards de dette extérieure et 2 998,315 milliards de dette intérieure.
Un risque « systémique » selon Africa Intelligence
Cette dynamique n’est pas sans conséquence pour la sous-région. D’après Africa Intelligence, la détérioration du profil de dette du Gabon inquiète à la fois le Tchad, déjà sous forte pression budgétaire et la République centrafricaine, dont la stabilité économique reste fragile.
Ces deux États espèrent obtenir un soutien du Fonds monétaire international (FMI) pour consolider leurs finances publiques. Mais, pour l’agence spécialisée, la situation gabonaise, pays majeur de la CEMAC, pourrait entraîner un durcissement des conditions d’accès aux financements.
En clair, si un membre clé de l’ union monétaire est perçu comme un risque élevé, c’est toute la zone qui en subit les répercussions.
La CEMAC face à son propre paradoxe
La CEMAC repose sur un principe de solidarité financière et de convergence macroéconomique. Or, l’un de ses critères essentiels, une dette publique inférieure à 70 % du PIB, risque d’être fortement dépassé par le Gabon dès 2026–2027, selon la Banque mondiale.
Avec une estimation à 86,1 % du PIB d’ici 2027, le pays s’éloignerait dangereusement des standards régionaux, compromettant d’une part, sa propre capacité d’investissement social, d’autre part, la crédibilité budgétaire collective de la CEMAC. Pour le Tchad et la Centrafrique, déjà en difficulté, cela pourrait retarder ou limiter l’accès aux programmes du FMI, pourtant essentiels à leur stabilisation.
Une gestion de la dette devenue enjeu régional
Dans ce contexte, la gestion de la dette gabonaise devient plus qu’un défi national : c’est un impératif régional, directement lié à la stabilité financière de la communauté et à la confiance des partenaires internationaux.
Les observateurs appellent entre autres à une plus grande transparence dans le reporting de la dette, à une maîtrise des engagements nouveaux, à une réforme stricte de la dépense publique, à une priorisation claire des investissements et un dialogue renforcé avec le FMI.
Sans un redressement rapide, le pays pourrait devenir un facteur de contagion financière, au moment même où ses voisins espèrent la relance.








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