Gabon: un policier vend l’identité de son petit frère décédé à un étranger
L’affaire a été mise à nu par le cabinet Obame spécialisé dans l’accompagnement juridique des justiciables et la facilitation de procédures judiciaires. En effet, un ressortissant béninois répondant au nom de Romain Ely Bossou aurait bénéficié d’un acte de naissance appartenant à Paul Mamick Mbembo, décédé. Selon le mis en cause, c’est un agent de forces de police nationale, par ailleurs frère aîné du défunt, qui lui aurait donné les documents pour s’en prévaloir contre la somme de 200.000 FCFA.
C’est une histoire à couper le souffle. Un scénario digne d’une enquête impossible de l’illustre Pierre Bellemare que vient de réaliser le cabinet Obame. En effet, ces jeunes compatriotes offrant des services juridiques de tous types ont été confrontés à une situation des plus complexes : vérifier l’authenticité d’une carte d’identité nationale gabonaise détenu par un sujet béninois. L’intéressé voulait savoir s’il pouvait se faire établir un passeport avec ces documents.
Arrivé à Libreville en 2009, par le canal d’une de ses soeurs qui vit dans notre pays depuis belle lurette, Romain Ely Bossou, a avoué avoir cédé à une tentation d’un agent de forces de sécurité connu sous le pseudonyme Angelo. « C‘est un agent de la Police qui m’a dit qu’en raison du bien que ma sœur lui a fait, il va m’aider à être Gabonais. Moi je voulais juste faire ma carte de séjour. Puis j’ai vu qu’avec les papiers gabonais on ne devait plus m’embêter », a-t-il indiqué dans une note parvenue à notre rédaction.
Poursuivant ses explications, le vrai faux Gabonais précise qu’à cette époque [2012] Angelo lui avait délivré un récépissé puis une carte d’identité nationale définitive au nom de Paul Mamick Mbembo, qui ne serait autre que le petit frère de l’agent. Ce dernier serait décédé très jeune au village. Pour le policier « il était hors de question que l’acte de naissance et les papiers de son frère chôment à la maison », aurait-il indiqué à Romain Ely Bossou.
Le policier va donc les vendre au prix global de 200.000 FCFA en déclarant « prends l’acte de naissance, tu es maintenant Gabonais ». Anxieux, le bénéficiaire révèle avoir tenté d’en savoir plus sur l’authenticité de ces documents et les potentiels risques encourus. D’ailleurs, il déclare avoir été choqué par la somme sollicitée par l’agent pour l’établissement d’un passeport. Il évoque la coquette somme de 300.000 FCFA alors même que le passeport est à 45.000 FCFA. Les échanges entre les deux hommes vont s’arrêter sur cette proposition.
Il aura donc fallu 9 ans et la vigilance des juristes du cabinet Obame pour se rendre compte que les documents utilisés par Romain Ely Bossou n’étaient pas les bons. Mais plus ceux d’un autre individu décédé en l’occurrence Paul Mamick Mbembo. Sapristi ! Le ressortissant a avoué avoir reconnu 2 enfants avec ces documents et craint que ces actes civils soient frappés de nullité pour faux et usage de faux. Pour le cabinet Obame il s’agirait « d’un important réseau de faussaire solidement mis en place par certains agents de police », ont-ils indiqué. Vivement une enquête sur cette pratique déviante à grande échelle.