Gabon : un budget 2026 ambitieux mais sous forte contrainte de financement

Réuni au Palais du Bord de mer le 8 septembre 2025, le Conseil des ministres présidé par Brice Clotaire Oligui Nguema a arrêté le projet de loi de finances 2026 à 7 233,3 milliards de FCFA. Si le gouvernement affiche une volonté claire de faire de l’investissement un levier central, l’exécution de ce budget reste conditionnée par un besoin de financement colossal de plus de 3 200 milliards de FCFA.
Des dépenses de fonctionnement écrasantes. Selon le communiqué final lu par Laurence Ndong, porte-parole du gouvernement, les recettes prévues pour 2026 s’élèvent à 3 664,1 milliards de FCFA, pour des dépenses de fonctionnement estimées à 3 569,0 milliards de FCFA. Autrement dit, la quasi-totalité des recettes sera absorbée par le fonctionnement de l’État, ne laissant qu’une marge résiduelle de 95,1 milliards de FCFA pour d’autres usages.
Ce déséquilibre met en lumière un paradoxe budgétaire : malgré les efforts de rationalisation, la dépense courante continue de peser lourdement, réduisant la capacité de financement autonome du pays.
Un effort inédit en faveur de l’investissement
Le projet de loi de finances consacre toutefois un montant de 3 321,5 milliards de FCFA aux dépenses d’investissement, un niveau inédit destiné à moderniser les infrastructures et accompagner la transformation structurelle de l’économie. Ces crédits visent à financer des projets de développement pour un total de 3 204,5 milliards de FCFA, confirmant la volonté du gouvernement de ne plus traiter l’investissement comme une simple variable d’ajustement.
Mais le Conseil des ministres a tenu à rappeler une règle stricte : seuls les projets disposant d’études éprouvées et de financements mobilisés démarreront, afin d’éviter la multiplication des chantiers abandonnés, phénomène récurrent dans les dernières décennies.
Un besoin de financement colossal
L’équilibre budgétaire 2026 repose sur un montant total de 7 233,3 milliards de FCFA, mais avec un besoin de financement de 3 213,3 milliards de FCFA. Pour couvrir ce déficit, la stratégie gouvernementale prévoit 60 % de ressources mobilisées en monnaie locale sur le marché financier régional et 40 % en devises étrangères, via des négociations avec les partenaires internationaux.
Cette approche, qui vise à diversifier les sources de financement tout en préservant la soutenabilité de la dette, marque une orientation prudente. Toutefois, elle rappelle aussi la fragilité structurelle de l’économie nationale, dont la capacité à générer des recettes domestiques demeure insuffisante.
Entre ambition et réalisme. Avec ce budget, le gouvernement affirme vouloir poser les bases d’un Gabon moderne et souverain. Mais la réussite dépendra de deux conditions : la rigueur dans l’exécution et la capacité à mobiliser les financements annoncés. Faute de quoi, l’ambition pourrait rester lettre morte, et les promesses de transformation se heurter aux contraintes de trésorerie.
GMT TV