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Gabon : «un artiste vit de ses créations», le message fort de Panawaraboy

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Invité à Tchibanga pour la deuxième édition de la Fête de la Libération, l’artiste Panawaraboy, figure montante de la scène Afro-Ncham, s’est confié dans Ceux qui font l’Afrique (n°18, oct.-nov. 2025). Entre engagement culturel, difficultés du secteur et appel pressant aux autorités, le chanteur incarne une jeunesse créative qui refuse d’être oubliée.

Un artiste qui parle la langue de la rue. À Tchibanga où il s’est confié à nos confrères, Panawaraboy a enflammé la scène devant un public survolté, Panawaraboy a rappelé ce qui fait sa singularité, un style Afro-Ncham inspiré directement des réalités des quartiers gabonais. « Je mélange messages conscients et ambiance festive », confie-t-il. Ce dosage subtil, porté par un langage familier et assumé – le hargot –, lui permet de traduire le quotidien, les émotions, les colères et les rêves d’une génération entière.

Pour lui, la musique n’est pas un divertissement superficiel : c’est un miroir de la société. Et une arme douce pour répondre à l’appel du Président de la République sur le retour à la culture, aux racines, à l’identité gabonaise. « On essaie d’exporter nos mouvements pour montrer notre identité propre », explique-t-il.

« Donnez-nous enfin nos droits d’auteur »

Derrière les millions de vues, les solos enflammés et l’engouement du public, la réalité économique reste brutale. Le message du chanteur est clair, direct, sans artifice. « Monsieur le Président, Messieurs les dirigeants, ce que nous voulons, ce sont les droits d’auteur », a-t-il martelé.

Ce combat est bien connu dans le milieu artistique : songs viraux mais aucune retombée financière, scènes rémunérées au cas par cas, absence structurelle de protection des œuvres. « Un artiste vit de ses créations, pas seulement des prestations », rappelle Panawaraboy.

L’appel résonne dans un contexte où de nombreux jeunes créateurs gabonais peinent à vivre de leur talent, faute d’un système de droits d’auteur opérationnel. Une situation incompatible avec les ambitions culturelles affichées par les autorités.

Tchibanga : une scène, une énergie, une identité

Être sur scène à Tchibanga, loin des habitudes de Libreville, représente pour l’artiste « un vrai plaisir ». « Le public est magnifique, très réactif », raconte-t-il. Preuve que les cultures urbaines trouvent un écho puissant dans l’ensemble du territoire, et non uniquement dans la capitale. Cette tournée a aussi une valeur symbolique : elle ancre la création musicale dans les régions, au-delà du centre politique.

« Ayez confiance au processus » : un message pour la jeunesse et les autorités

Après une pause imposée par ses études, Panawaraboy veut inspirer : « Ne baissez pas les bras… Tout est long, mais on va y arriver. » Un message d’espoir dans un pays où les jeunes artistes se battent pour exister, évoluer, se structurer. À l’endroit des autorités, il insiste : « Pensez à nous, pensez aux artistes. Les droits d’auteur, c’est ce qui nous permettra de durer. »

Dans un Gabon où le secteur culturel est appelé à devenir un pilier de la diversification économique, ses mots sonnent comme un rappel : aucune politique culturelle crédible ne peut exister sans une rémunération juste des créateurs.

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