Gabon : dissolution du MAM, Abel Mbombe Nzondou rallie l’UDB d’Oligui Nguema

Onze ans après sa création, le Mouvement Alternance en Marche (MAM) a annoncé sa dissolution définitive ce 10 juillet 2025. Son président, Abel Mbombe Nzondou, a officialisé le ralliement des membres à l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), parti politique récemment fondé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema.
C’est un moment hautement symbolique pour la scène politique gabonaise. Réuni en conférence de presse ce jeudi à Libreville, Abel Mbombe Nzondou, figure de la société civile et acteur engagé de la transition, a annoncé la dissolution du Mouvement Alternance en Marche (MAM). Créée en 2014, cette organisation citoyenne se voulait une alternative pacifique et démocratique au régime d’Ali Bongo Ondimba. Elle tire aujourd’hui sa révérence, non sans transmettre son héritage politique à une nouvelle force en construction : l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB).
« Cette décision est le fruit d’une longue réflexion collective », a indiqué le président du MAM, soulignant que ce choix s’inscrit dans une volonté de renforcer l’unité nationale et de consolider la dynamique enclenchée depuis le Coup de Libération du 30 août 2023. Nommé attaché de Cabinet du Président de la République en décembre 2024, Abel Mbombe Nzondou affirme que ce ralliement n’est ni une récompense politique ni une compromission.
Du militantisme citoyen à la fusion politique
Pendant plus d’une décennie, le MAM a incarné une voix alternative au sein du paysage politique gabonais. En 2015 déjà, le mouvement plaidait pour la convocation d’une Conférence Nationale Souveraine. Un appel resté sans suite mais qui aura contribué à alimenter le débat sur l’urgence démocratique. En 2023, dans un contexte politique tendu à la veille de la présidentielle, le MAM multipliait les actions de terrain et les marches pacifiques pour exiger une alternance.
Ces mobilisations furent, selon certains observateurs, les signes annonciateurs du renversement militaire du 30 août 2023, salué par le MAM comme une « libération » du peuple gabonais. « Nous avons toujours agi dans l’intérêt supérieur de la nation, sans jamais faire de la lutte un tremplin pour des postes », a martelé Abel Mbombe Nzondou en réponse aux critiques sur une supposée opportunité politique.
Un repositionnement stratégique dans l’orbite présidentielle
Fondée le 5 juillet 2025, l’UDB constitue aujourd’hui le principal véhicule politique du président Brice Clotaire Oligui Nguema. En rejoignant cette formation, le MAM entend « unir les forces patriotiques autour d’un même idéal ». Une dynamique d’agrégation politique qui suscite autant d’espoirs que d’interrogations. Si certains saluent une stratégie de stabilisation et de consolidation des institutions de la 5e République, d’autres redoutent un rétrécissement de l’espace démocratique et de la pluralité partisane.
Pour le politologue Éric Mideng, « ce ralliement pourrait créer une concentration excessive autour d’un seul pôle politique, affaiblissant la dialectique démocratique pourtant essentielle à la refondation républicaine ». Mais pour Abel Mbombe Nzondou, le temps est à l’unité, à la reconstruction, et à la mise en commun des énergies patriotiques. « Notre pays a besoin d’une force commune pour affronter les défis sociaux et économiques. Nous avons choisi de bâtir plutôt que de diviser », a-t-il déclaré.
La fin d’un cycle, le début d’un autre
En tirant sa révérence, le MAM marque la fin d’un militantisme indépendant mais aussi l’entrée de ses cadres et militants dans une nouvelle architecture politique. Pour l’opinion publique, cette absorption soulève des interrogations légitimes : que deviendront les principes fondateurs du MAM dans l’UDB ? Quelle place sera accordée à la critique, au débat contradictoire et aux valeurs démocratiques que le mouvement a longtemps portées ?
À défaut de réponse immédiate, la transition politique en cours s’enrichit d’un nouvel épisode révélateur : celui d’une recomposition à grande échelle, dans laquelle chaque acteur tente de trouver sa place, entre fidélité aux idéaux d’hier et réalités politiques d’aujourd’hui.
GMT TV