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Gabon : traité de «feuilles mortes», Paul Biyoghe Mba riposte et retourne la métaphore contre le Blaise Louembe

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Dépeint par Blaise Louembe comme une « feuille morte » après sa démission du Parti démocratique gabonais (PDG), Paul Biyoghe Mba a livré une réponse aussi cinglante qu’élégante. En convoquant ses souvenirs d’écolier et une leçon de biologie élémentaire, l’ancien vice-président du PDG renverse la rhétorique et redonne de la valeur à ceux que le parti relègue aujourd’hui au rang de déchets politiques.

Devant la presse nationale et internationale réunie à son domicile de Bikélé le 23 mai dernier, Paul Biyoghe Mba avait annoncé sa démission du Parti démocratique gabonais, plus de 30 ans après un premier départ en février 1994. Un jeu de jambes politique, motivé, selon lui, par les bouleversements institutionnels intervenus depuis le 30 août 2023, date du coup d’État militaire ayant mis fin au régime d’Ali Bongo Ondimba dont il fut premier ministre entre 2009 et 2012.

La pique de Louembe, la réponse cultivée de Biyoghe Mba

Dans la foulée de cette annonce, Blaise Louembe, président actuel du PDG, s’est voulu méprisant à l’égard de ceux qui quittent « le rouleau compresseur ». « Ceux qui démissionnent ne sont pas les véritables militants du parti (…). À chaque fois qu’il y a du vent, il tombe toujours des feuilles mortes », avait-t-il déclaré à Mouila, balayant d’un revers de main le départ d’un des poids lourds historiques du parti.

Une déclaration que Paul Biyoghe Mba n’a pas laissée passer. Avec ironie et pédagogie, il a rétorqué : « Quand j’étais à l’école primaire, on ramassait des feuilles mortes qu’on déposait pour fabriquer de l’humus. Cet humus nourrissait les jardins potagers. Et ce sont ces feuilles mortes qui donnaient les meilleurs légumes. » Allégorie limpide : ceux que Louembe appelle « feuilles mortes » sont, en réalité, les éléments fertilisants d’un nouveau cycle politique.

De la métaphore à la leçon politique

En s’appuyant sur un récit personnel, l’ancien Premier ministre convertit « l’insulte » en symbole de régénération. Mieux encore, il en tire une critique implicite du PDG resté en place : « Les feuilles mortes sont utiles, elles permettent de faire de l’humus propre, non nocif ». Comprendre : ceux qui partent nourriront peut-être une nouvelle terre politique plus saine, quand ceux qui restent s’enlisent dans un terreau appauvri par des décennies de confiscation du pouvoir.

Car au-delà de la joute verbale, c’est une véritable fracture idéologique qui se dessine. Tandis que le PDG cherche à survivre dans la transition en verrouillant son appareil, certains de ses anciens dignitaires prennent acte du changement de cap historique du pays. Et leur départ, loin d’être un renoncement, apparaît comme une volonté de ne plus cautionner l’immobilisme.

La décomposition utile face à l’arrogance stérile

En qualifiant ses anciens camarades de « feuilles mortes », Blaise Louembe a cru enterrer leur influence. Paul Biyoghe Mba, lui, y voit le ferment d’une reconstruction. Sa réponse n’est pas seulement un pied de nez ; c’est un message politique fort : ceux qui quittent le PDG ne sont pas des déchets, mais peut-être les initiateurs d’un humus fertile pour une nouvelle démocratie gabonaise.

Dans un contexte de nouvelle République, où les repères politiques se redéfinissent, cette passe d’armes illustre la mutation en cours. Et elle rappelle que parfois, il faut tomber pour nourrir l’avenir.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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