Gabon : SOGATRA au bord de l’asphyxie, les syndicats sonnent l’alerte

Malgré 19 mois de gratuité non compensée par l’État, la société publique de transport peine à maintenir ses activités, entre parc vétuste, arriérés sociaux et tensions syndicales. Réunis en assemblée générale le vendredi 1er août 2025, les syndicats de la Société gabonaise de transport (SOGATRA) ont dressé un constat alarmant : l’entreprise, déjà plombée par une dette estimée à 22 milliards de FCFA, se trouve au bord de la rupture opérationnelle. Les bus manquent de carburant et de pièces, les salaires accusent de lourds retards, et les engagements pris par l’État restent pour beaucoup lettre morte.
Au cœur des tensions, le non-remboursement par le gouvernement des sommes dues depuis la mise en place, en 2024, de la gratuité du transport public. « Cela fait 19 mois que la SOGATRA n’a perçu aucune compensation », a déploré Noël Obandza, président du SYCOTEC. Une situation qui paralyse les services et plonge le personnel dans une précarité grandissante.
Les retraités ne sont pas épargnés : soldes de tout compte et droits sociaux à la CNSS restent impayés. Dans le même temps, les syndicats dénoncent des mesures disciplinaires jugées excessives envers les agents, alors même que les retards de salaire pèsent sur leur assiduité.
Restructuration syndicale et tensions sociales
Pour tenter de fluidifier le dialogue, le ministre des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a demandé une rationalisation de la représentation syndicale. Désormais, deux organisations principales – le SYCOTEC et le SYNATEC – seront les interlocuteurs privilégiés de la direction, sans exclure totalement les autres structures.
Mais les syndicats préviennent : une campagne de contrôle visant à identifier les cas de double emploi pourrait déboucher sur des sanctions radicales, dont des radiations.
Un parc vétuste et des promesses en attente
Malgré l’annonce, en juillet 2024, d’un crédit pour l’achat de 30 bus neufs et une subvention de 3,5 milliards FCFA, l’entreprise n’a pas encore retrouvé une capacité d’exploitation normale. L’arriéré social, la vétusté du parc et la dette accumulée continuent de peser lourdement.
Les syndicats espèrent que les « conférences budgétaires » en cours permettront de dégager des financements pour apurer les dettes et relancer l’activité. Mais ils préviennent : sans mesures concrètes et rapides, le risque d’un effondrement total du réseau public de transport est réel, avec à la clé une nouvelle crise sociale et la précarisation durable des agents.
GMT TV