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Gabon : seulement 3 sièges de sénateurs pour tout le Moyen-Ogooué

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Après dix jours de travaux intenses menés par une commission de 34 personnalités, un avant-projet de loi portant sur la répartition des sièges électoraux a été rédigé conformément aux articles 216 et 2248 de la loi organique n°001/2025 du 19 janvier 2025, portant Code électoral. Ce texte, qui sera soumis au Parlement avant promulgation, prévoit que la province du Moyen-Ogooué comptera seulement trois sénateurs sur les 70 que comptera désormais la chambre haute du Parlement gabonais. Cette réforme intervient dans un contexte de refonte institutionnelle ayant pour but de renforcer les institutions démocratiques du pays.

Si l’on peut saluer l’augmentation globale du nombre de sièges au Sénat, qui passe de 52 à 70, cette augmentation ne profite en rien à la province du Moyen-Ogooué, qui conserve le même nombre de députés par rapport à la dernière législature d’avant le coup d’Etat. Avec plus de 43 700 électeurs, la province se retrouve en queue du classement national, en termes de nombre de représentants. Ce déséquilibre interroge sur la légitimité des futures décisions prises.

Une représentativité questionnée

Le projet de loi prévoit un sénateur pour la commune de Lambaréné, un autre pour le département de l’Ogooué et des Lacs, et un dernier pour le département de l’Abanga-Bigné couplé à la commune de Ndjolé. Ce découpage laisse apparaître une répartition disproportionnée par rapport au poids démographique de certaines autres provinces, qui, à population inférieure, bénéficient de quatre voire cinq sénateurs. Le paradoxe est d’autant plus flagrant que les commissaires avaient pourtant à répartir 16 nouveaux sièges de sénateurs sur l’ensemble du territoire.

Cette situation met en lumière un déséquilibre structurel qui pourrait affaiblir la légitimité de la représentation nationale. Le principe démocratique veut que chaque citoyen puisse être représenté de manière équitable. Or, à l’échelle du Sénat, un habitant du Moyen-Ogooué pèsera nettement moins dans les délibérations nationales qu’un habitant d’une province mieux dotée. À l’heure où le Gabon tente de refonder ses institutions et de renforcer la participation citoyenne, cette inégalité de traitement pourrait alimenter une défiance accrue à l’égard des autorités centrales, notamment parmi les populations rurales.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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