Gabon : seulement 0,2 % de la richesse produite affectée à l’aide sociale

Dans sa Note de conjoncture économique du Gabon 2025, publiée le 20 juin 2025, la Banque mondiale met en lumière une faiblesse structurelle inquiétante du modèle social gabonais : seules 0,2 % des richesses produites par le pays sont consacrées à l’aide sociale non contributive. Les auteurs du rapport alertent sur l’inefficacité des dépenses publiques dans la lutte contre la pauvreté et sur la nécessité de recentrer les politiques sociales sur les plus vulnérables.

« Le Gabon consacre environ 0,2 % de son PIB à l’aide sociale non contributive, soit quatre fois moins que la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure », souligne le rapport. Ces dépenses incluent les transferts monétaires et autres programmes ciblés, essentiels pour soutenir les ménages pauvres. Faute de couverture sociale efficace, le pays a recours à des mesures alternatives comme les subventions au carburant ou les bourses d’études, qui, bien que coûteuses, peinent à atteindre les foyers réellement dans le besoin.

Un système de protection sociale encore trop inefficace

Ce sous-investissement chronique s’ajoute à des défis structurels : « Les dépenses sociales ne représentent que 18,2 % du budget révisé pour 2024 », notent les experts. La mauvaise exécution budgétaire, les lenteurs des processus administratifs et l’absence d’un registre social à jour compliquent davantage la mise en œuvre de politiques sociales ciblées. Résultat : la pauvreté gagne du terrain. En 2024, 34,6 % des gabonais vivaient avec moins de 6,85 dollars par jour, un seuil alarmant.

La Banque mondiale estime que seule une réforme en profondeur du système de protection sociale permettra d’inverser la tendance. Elle recommande la création d’un registre social unifié, le recentrage des dépenses publiques vers l’éducation, la santé et les transferts directs aux ménages vulnérables, ainsi qu’une meilleure efficacité de la dépense publique. Pour l’institution, l’objectif est clair : faire des politiques sociales un levier de développement humain et non un simple amortisseur temporaire.