Gabon : sans magistrats, pas de justice ni d’investissements

Alors que la grève des magistrats paralyse le système judiciaire depuis plusieurs semaines, le gouvernement de la Transition tente d’éteindre l’incendie en annonçant la mise en place imminente d’une commission tripartite pour finaliser les points de revendications. Mais cette approche tâtonnante ne fait que retarder une évidence : la justice ne peut fonctionner sans ses magistrats, et leur marginalisation fragilise dangereusement l’État de droit.
Une justice paralysée, une gouvernance fragilisée. Depuis la levée de la suspension de leur mouvement de grève le 15 janvier 2025, les magistrats exigent des conditions de travail dignes et des engagements fermes sur l’amélioration de leur statut. Pourtant, plutôt que d’apporter des réponses claires et immédiates, l’administration centrale semble s’enliser dans un bras de fer inutile avec les partenaires sociaux.
Peut-on gouverner sans une justice crédible ?Peut-on espérer attirer des investisseurs étrangers avec un appareil judiciaire instable ? À l’heure où le Gabon cherche à relancer son économie, l’incapacité à garantir un système judiciaire fiable est un signal désastreux. Les capitaux ne se dirigent pas vers un pays où les conflits se règlent dans la rue faute de tribunaux fonctionnels.
Des avancées, mais une stratégie bancale
Le ministère de la Justice assure avoir pris en compte plusieurs revendications du Syndicat national des magistrats du Gabon notamment, l’indemnité de judicature, l’accès au logement pour les magistrats, le fonctionnement du jury de classement des élèves magistrats et la mise en place d’une cellule de veille déontologique.Mais ces engagements restent flous et tardifs.
Pendant ce temps, les tribunaux sont à l’arrêt et l’insécurité juridique s’installe. Faut-il rappeler que la stabilité judiciaire est un pilier fondamental de la gouvernance ? Une justice forte protège les citoyens et les investissements, tandis qu’une justice chancelante expose le pays à l’arbitraire et à la défiance économique.
Sortir du blocage avant l’implosion
Le gouvernement appelle à la suspension du mouvement de grève en affirmant que « toutes les conditions sont désormais réunies pour une sortie de crise ». Mais la réalité est tout autre. Il ne s’agit plus d’un simple conflit salarial, mais de la crédibilité même du système judiciaire.
Le pouvoir de Transition a deux choix : restaurer sans tarder la confiance avec les magistrats ou laisser la situation pourrir au risque de compromettre la stabilité institutionnelle du pays. Un État qui néglige sa justice se condamne lui-même à l’instabilité. Il est temps de trancher, et vite.
GMT TV