Gabon : Samy Boucalt, le «chef d’État-major des Mapanes» qui défie l’État et menace la cohésion nationale

Dans un climat diplomatique déjà tendu entre le Gabon et le Bénin, les agissements d’un repris de justice autoproclamé « chef d’État-major des Mapanes » sèment l’inquiétude. Comme l’a révélé notre confrère Gabonreview, Samy Boucalt impose depuis plusieurs semaines sa loi dans certains quartiers de Libreville, ciblant en particulier les commerçants béninois. Une situation explosive qui met à nu l’inertie des autorités.
Un repris de justice en quête de pouvoir. Ancien coupeur de route condamné à 13 ans de prison, Samy Boucalt « s’autoproclame chef d’un nouvel État-major » depuis le départ en Europe de Gaël Koumba Ayoune, le véritable « Général des Mapanes », souligne Gabonreview. Arborant treillis et tee-shirts camouflage, il parade dans Libreville avec ses acolytes pour « intimider les commerçants béninois », allant jusqu’à exiger la fermeture de boutiques. Des scènes filmées et diffusées sur les réseaux sociaux montrent des coups de pieds dans les marchandises, des injonctions de fermeture et des menaces verbales.
Un climat diplomatique inflammable
Ces provocations interviennent alors que les relations entre Libreville et Cotonou traversent une zone de turbulences. Déjà en août, rappelle Gabonreview, « des incidents à Lambaréné liés à l’attribution de places de marché et de nouvelles restrictions économiques visant certains secteurs occupés par des expatriés béninois » avaient réveillé les crispations. Aujourd’hui, les méthodes de Samy Boucalt risquent d’attiser un ressentiment réciproque et de menacer la sécurité des centaines de Gabonais installés au Bénin.
La société civile tire la sonnette d’alarme. Face à l’inaction des autorités, la société civile monte au créneau. « Retenez une seule chose : le seul responsable aux yeux de la communauté internationale, c’est Brice Clotaire Oligui Nguema », a prévenu Bernard Christian Rekoula, cité par Gabonreview. L’artiste caricaturiste Pahé a, lui aussi, lancé un avertissement : « Samy Boucalt, il faut l’arrêter. Parce qu’il est inconcevable de voir ce qui se passe… On ne sait pas comment ça commence, mais on ne sait pas comment ça va finir. »
Pour l’heure, ni le ministère de l’Intérieur ni les forces de l’ordre ne réagissent. Pire, des vidéos montrent des policiers spectateurs des exactions. Cette passivité laisse penser que l’État tolère qu’un repris de justice s’érige en chef de milice privée, au détriment de la cohésion nationale et des relations diplomatiques. Comme le conclut Gabonreview, « laisser Samy Boucalt imposer sa loi, c’est accepter que des milices privées menacent la cohésion nationale et les relations diplomatiques ».
GMT TV