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Gabon : RSF alerte sur l’urgence d’une presse viable et protégée

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En visite au Gabon, Thibault Buttin, secrétaire général de Reporters Sans Frontières (RSF), a rappelé que la liberté de la presse ne se limite pas à l’absence de censure. Elle suppose aussi une économie des médias viable, une régulation crédible et l’assurance que les journalistes puissent exercer sans pressions. Trois défis majeurs pour un pays qui veut bâtir une démocratie solide et une Ve République crédible.

Une économie des médias encore fragile. Le constat dressé par RSF est sans détour : au Gabon, les médias souffrent d’une dépendance malsaine aux subventions étatiques, souvent opaques et distribuées sans transparence. Cette situation crée une fragilité chronique, réduisant certains organes à la précarité et d’autres à une loyauté contrainte vis-à-vis du pouvoir. Pour Thibault Buttin, « il faut des progrès pour garantir une soutenabilité des médias, mais aussi plus de transparence et d’efficacité dans les aides publiques ».

Sans un financement clair, équitable et pérenne, la presse gabonaise restera exposée au risque de compromission, incapable d’assumer pleinement son rôle de contre-pouvoir.

La HAC, arbitre ou instrument ?

Deuxième défi : la régulation. La Haute Autorité de la Communication (HAC) détient un rôle crucial dans la consolidation du pluralisme et la promotion d’un journalisme de qualité. Mais encore faut-il que son action s’affranchisse des calculs politiques et des instructions partisanes. RSF appelle à renforcer son indépendance et à en faire un véritable arbitre impartial, garantissant l’accès équitable aux médias publics pour toutes les sensibilités.

Dans un contexte électoral tendu, la HAC doit démontrer qu’elle est capable de défendre le pluralisme et la transparence, plutôt que de conforter les puissants.

Une presse libre pour une démocratie crédible

Enfin, RSF insiste : les journalistes gabonais doivent pouvoir travailler sans intimidation ni convocations abusives, comme ce fut récemment le cas pour le média Gabon Media Time, convoqué à la DGR malgré la dépénalisation du délit de presse par l’Ordonnance du 23 février 2018. Une démocratie sans presse indépendante et respectée reste incomplète.

Au fond, c’est une équation simple que pointe RSF : pas de démocratie sans pluralisme, pas de pluralisme sans une presse soutenable, indépendante et protégée. Un rappel qui met le président Oligui Nguema face à ses responsabilités, lui qui avait exhorté les journalistes à « faire leur travail, et le faire bien »

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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