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Gabon : rentrée scolaire 2025, pourquoi faudrait-il la repousser à cause des élections ?

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Le Conseil des ministres a tranché : la rentrée scolaire 2025-2026 aura lieu le 1er septembre 2025 pour les établissements publics et privés, et le 2 septembre pour les écoles publiques conventionnées. Pourtant, dans certains cercles, des voix s’élèvent déjà pour suggérer un report de cette date au prétexte des élections législatives et locales prévues fin septembre. Mais faut-il vraiment sacrifier l’avenir académique de milliers d’élèves sur l’autel des calculs électoraux ?

Une rentrée fixée dans les règles. Adopté le 12 août en Conseil des ministres, le calendrier scolaire 2025-2026 est organisé sur neuf mois, soit 32 semaines de cours effectifs et 7 semaines réservées aux examens. Le modèle repose sur une alternance de quatre semaines de cours suivies d’une semaine d’évaluation et de remédiation, afin d’améliorer le suivi des acquis.

La rentrée administrative se tiendra du 25 au 29 août 2025, tandis que les classes sans examens termineront le 30 mai 2026, et celles à examens le 4 juillet 2026. Un calendrier pensé pour donner de la visibilité aux enseignants, aux parents et aux élèves.

L’élection, un exercice démocratique, pas un obstacle

Dans une société démocratique, l’élection est un événement normal, presque routinier. Elle ne devrait pas paralyser la vie nationale, encore moins l’école, qui reste le socle de l’avenir collectif. Or, certains acteurs, tapis dans l’ombre, laissent entendre que la rentrée scolaire pourrait être décalée pour « tenir compte » du scrutin. Une proposition qui interroge : depuis quand l’éducation doit-elle s’effacer devant la politique ?

Les élections législatives et locales sont prévues pour un samedi. Rien, dans l’organisation matérielle de ce scrutin, ne justifie de repousser la rentrée scolaire. Les bureaux de vote peuvent être aménagés dans les établissements scolaires, comme c’est la pratique habituelle, sans perturber le calendrier des cours.

Enseignants et élèves : du bétail électoral ?

En filigrane, la suggestion de reporter la rentrée traduit une conception inquiétante : considérer enseignants et élèves comme un simple « bétail électoral », qu’il faudrait mobiliser ou neutraliser selon les calculs partisans. Mais l’école n’est pas un instrument de stratégie politique. Elle est une institution républicaine, au service de la formation des citoyens.

Décaler la rentrée pour des raisons électorales reviendrait à priver des milliers d’élèves de semaines précieuses de cours, dans un pays où le déficit d’heures d’enseignement est déjà chronique. Ce serait entériner l’idée que l’avenir académique peut être sacrifié au profit de la politique du moment.

Un retard qui coûte cher

Le démarrage tardif des cours a des conséquences mesurables. Chaque année où la rentrée est retardée, la fin d’année s’en trouve affectée : programmes bâclés, enseignants contraints de courir après le temps, élèves stressés à l’approche des examens.

Pour les élèves qui aspirent à poursuivre des études supérieures en Europe, le problème est encore plus grave. Les universités et grandes écoles étrangères exigent des dossiers complets dès la fin du mois de juin. Or, lorsque l’année scolaire au Gabon s’étire artificiellement en juillet ou août, beaucoup d’étudiants voient leurs chances compromises. Cette situation fragilise la crédibilité des diplômes nationaux et handicape la mobilité internationale des jeunes Gabonais.

Le droit à l’éducation face aux calculs politiques

Au-delà des considérations techniques, une question de principe s’impose : qu’est-ce qui peut justifier qu’on sacrifie le droit fondamental à l’éducation sur l’autel de l’agenda électoral ? La Constitution garantit à chaque enfant l’accès à une éducation de qualité. Or, repousser la rentrée, c’est envoyer un message clair : l’éducation est secondaire, la politique prime.

À l’heure où le gouvernement affirme vouloir moderniser le système éducatif et aligner le calendrier scolaire sur les standards internationaux, céder à la tentation d’un report serait un contre-sens historique.

Une ligne rouge à ne pas franchir

Le 1er septembre 2025 doit marquer la rentrée scolaire. Rien ne justifie qu’elle soit repoussée, ni les élections, ni les spéculations partisanes. Car derrière le calendrier, ce sont les destins de centaines de milliers d’élèves qui sont en jeu, et à travers eux, l’avenir du Gabon.

Si l’éducation est réellement une priorité nationale, comme le martèlent les discours officiels, alors il est temps de le prouver : en protégeant le calendrier scolaire de toute instrumentalisation politique, en respectant les enseignants, les élèves et les parents. Dans une République responsable, l’élection est un rendez-vous citoyen. L’école, elle, est un rendez-vous avec l’avenir. Les confondre serait une faute impardonnable.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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