Gabon : recul des exportations de pétrole, un signal d’alerte face à la dépendance extérieure

En 2024, les exportations pétrolières du Gabon se sont établies à 3 686,1 milliards de FCFA, en baisse de 2,3 % par rapport à 2023, selon les données de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Ce recul, dans un contexte de prix fluctuants et de production en déclin, relance le débat sur la dépendance du pays à l’or noir et sur l’urgence d’une diversification économique crédible.
Le pétrole, pilier fragilisé des exportations. Le secteur pétrolier représente encore près des deux tiers des recettes d’exportation. Mais en 2024, la baisse combinée de la production et des prix du brut gabonais a pesé lourdement sur la balance commerciale. Le baril gabonais s’est négocié en moyenne à 74,1 dollars, en retrait de 8,6 % par rapport à 2023, accentuant l’impact de la contraction des volumes exportés.
Au-delà de la variation conjoncturelle, la tendance traduit la difficulté du pays à maintenir ses capacités de production. Entre maturité des champs matures et retards dans le développement de nouveaux projets, la marge de manœuvre se réduit. Or, les recettes pétrolières continuent de représenter près de 40 % des recettes budgétaires, ce qui place l’État face à un dilemme : compenser par l’endettement ou accélérer la diversification.
La BEAC rappelle dans son rapport que « le recul des exportations pétrolières accentue la vulnérabilité extérieure », notamment face à l’évolution des taux d’intérêt et aux besoins croissants de financement.
Vers une diversification contrainte mais nécessaire
Dans ce contexte, les performances du manganèse (+14,3 %) et de l’or (+183,3 %) apparaissent comme des signaux encourageants, mais insuffisants pour compenser le poids du pétrole. La part de ces deux produits dans les exportations reste encore trop faible pour modifier l’équilibre global.
À moyen terme, seule une politique industrielle volontariste, associant valorisation locale des ressources minières, développement du bois transformé et montée en puissance de l’agriculture, permettra de desserrer l’étau de la dépendance pétrolière. Sans cela, chaque fluctuation des cours du brut continuera de menacer l’équilibre budgétaire et la stabilité macroéconomique du pays.
GMT TV