Gabon : quand les PDGistes retrouvent la liberté d’expression
« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira ». Cette citation extraite du livre de l’apôtre Jean au chapitre 8 verset 32 à 36 sied bien à l’état d’esprit qui a prévalu le 16 mars dernier lors des Assises d’autocritique et de refondation du Parti démocratique gabonais (PDG). En effet, au cours de cette rencontre qui visait à donner un nouveau souffle à cette formation politique, après sa perte du pouvoir consécutive au Coup de libération du 30 août 2023, de nombreux militants se sont montrés très critiques vis-à-vis de la gestion peu orthodoxe des responsables du parti.
Si « la discipline est l’apanage du bon militant » au sein du « parti de masse » la commémoration des 56 ans d’existence du parti fondé par Omar Bongo Ondimba aura été l’occasion pour les militants de vider leurs sacs sur la gestion de cette formation politique ces dernières années. Il faut dire qu’en cinq décennies, ce parti a littéralement brillé par une sorte de baillonement de ses militants qui ne pouvaient pas exprimer leur opinion sur sa gestion au risque de se faire hara kiri.
Des cadres et militants traînés en conseil de discipline en cas de critique
En effet, l’opinion se souvient des nombreuses fatwa dirigées contre les membres qui osaient remettre en question le fonctionnement du parti. La plus énigmatique aura sans doute été la fronde menée par l’actuel ministre de la Prospective Alexandre Barro Chambrier et certains cadres qui avaient dénoncé en 2016 de nombreux dysfonctionnements au sein du PDG. Ces derniers n’avaient d’ailleurs pas fait long feu, puisque le parti avait décidé de leur exclusion pour « indiscipline notoire, activités contraires aux règles de fonctionnement et statuts du PDG et intelligence avec les adversaires politiques ».
L’autre épisode qui aura marqué les esprits aura été également les sanctions infligées contre plusieurs députés et sénateurs qui n’avaient pas voté ou s’etaient abstenus lors de l’adoption de la loi portant dépénalisation l’homosexualité. En effet, le 1er août 2020 la Commission permanente de discipline du parti avait émis une mise en demeure et un avertissement avec inscription au dossier à 25 cadres à l’instar de Léonard Andjembé, Malika Bongo Ondimba ou encore Idriss Ngari.
Les Assises d’autocritique et de refondation, un défouloir pour les militants PDG
La rencontre visant à opérer une autocritique du fonctionnement du parti aura donc été l’occasion pour plusieurs militants de dire leur quatre vérités aux désormais hommes et femmes forts du parti, certains ayant été au cœur même de la machine depuis des années. D’ailleurs lors de la lecture du rapport sanctionnant les travaux Jean Bosco Ndjounga a égrainé les griefs faits par les militants notamment « des décisions impopulaires prises par l’exécutif du parti, la passivité du distingué camarade président lors des grandes prises de décision ou encore le manque de respect du concept du parti ».
Autres reproches, l’inopérabilité du comité national, le favoritisme dans le choix des candidats lors des élections, les manœuvres électorales contestées, l’absence d’équité et de justice ou encore l’opacité dans la gestion budgétaire du parti. Si l’ensemble de ces accusations semblent avoir été portées contre l’ancien directoire, le nouveau chapeauté par Paul Biyoghe Mba, Alain Claude Bilie-By-Nze et Angélique Ngoma n’a pas échappé au feu des critiques. Ainsi, plusieurs militants se sont insurgés contre le flou artistique entourant l’éviction de la présidence d’Ali Bongo Ondimba ou encore la radiation de la fondatrice de l’Union des femmes du PDG Joséphine Nkama Dabany.