Gabon: quand les démons de scission hantent l’Union nationale
C’est le sentiment qui pourrait se dégager ces dernières 48 heures, après l’inauguration par Paul Marie Gondjout, militant de l’Union nationale (UN), de sa « permanence politique », sise à l’Ancienne sobraga. Une villa faisant office autrefois de siège de l’UN et dont l’occupation de l’ancien secrétaire exécutif adjoint laisse présager une période tumultueuse pour cette formation politique surtout que ce dernier milite pour l’instauration de deux tendances au sein du parti.
Si sa défaite à l’élection à la présidence de l’Union nationale avait laissé entrevoir les velléités de l’homme de s’affranchir des règles qui régissent le parti, Paul Marie Gondjout a franchi récemment un nouveau cap dans ce que de nombreux observateurs de la vie politique qualifient de début de rébellion. En effet, ce dernier a procédé le week-end écoulé à l’inauguration de sa nouvelle permanence politique.
Chose curieuse toutefois, ce nouveau QG n’est autre que l’ancien siège de l’UN et qui serait la propriété de Zacharie Myboto, beau-père de ce dernier. Une inauguration somme toute qui n’aura pas manqué de faire réagir plusieurs observateurs, qui assimilent ce geste à un signe de défiance envers l’actuel directoire du parti présidé par Paulette Missambo. Il faut souligner que ce geste de Paul Marie Gondjout n’est pas fortuit puisque depuis plusieurs semaines, ce dernier a lancé une véritable campagne de communication pour défendre l’existence de “sa tendance” au sein de cette formation.
En effet, Paul Marie Gondjout, dans ses déplacements dans le Woleu-Ntem et le Moyen-Ogooué, a sans cesse évoqué la présence de deux tendances au sein de l’UN. Estimant qu’il y a un grand nombre de militants qui sont avec lui et qui embrassent son idéologie. Appelant même à des primaires au sein de cette formation politique pour désigner le candidat qui devrait représenter le parti à l’élection présidentielle de 2023. Les partisans de Paulette Missambo, à l’instar dernièrement de Jean Christophe Owono Nguema, avaient recadré l’acteur politique en lui rappelant que l’UN est un et indivisible.
Le pion a été poussé plus loin ce samedi par Paul Marie Gondjout avec l’inauguration d’une soit disante permanence politique, qui en réalité serait presqu’un siège bis de l’UN. Car comment comprendre que celui qui n’est que simple militant dans un parti, puisse avoir un permance politique hors du QG de l’UN , si tant est que les activités qu’il doit mener sont au compte du parti.
Or il est constaté que Paul Marie Gondjout a utilisé l‘ex siège de l’UN, propriété de son beau- père pour en faire son QG, comme un chef de parti ou un haut cadre avec une fonction dans le parti. Ce qui est loin d’en être le cas. Mieux, lors de cette inauguration, aucun cadre de l’UN n’était visible. La conclusion peut être simple à tirer: l’UN va inéluctablement vers une scission à l’approche de la présidentielle de 2023.