Gabon : problèmes structurels, investissements déclinants, la SEEG, un géant aux pieds d’argile
Encore une fois sous le feu des projecteurs et encore une fois pour des raisons liées à sa mauvaise gouvernance, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), son incapacité à faire face à ces difficultés. Et pour cause, alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que le management tricéphale piloté par Joël Lehman Sandougout ramène une forme de sérénité, celui-ci n’a jusque–là contribué qu’à envenimer une situation déjà délicate. Une situation qui pourrait d’ailleurs paralyser une partie de l’économie, si les employés en grève mettent à exécution leurs menaces.
Durant une bonne partie du week-end écoulé, les populations gabonaises ont assisté, par médias interposés, à un bras de fer entre les agents grévistes de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), par ailleurs membres du Syndicat des personnels du secteur eau et électricité du Gabon (SYPEG), l’un des plus puissants du pays et le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, par ailleurs président de la transition. Entre défiance et lassitude, ces agents ont indiqué, sans détours, qu’il n’était « pas question de faire payer le plus grand nombre, les innocents, le lourd tribut des errements de gouvernance d’une caste connue et pas du tout inquiétée ».
Encore plus loin dans leur approche, ces derniers par la voix de leur vice-présidente Livanne Ntsame Mve, ont insisté sur le fait que « face à cette situation délétère, le SYPEG reconnaît à chacun, la liberté de manifester son mécontentement ». Témoignant d’un véritable ras-le-bol, les agents du SYPEG ont donc tancé à la fois leur direction générale et le gouvernement de transition, toute chose qui n’a pas manqué d’irriter le Général Oligui Nguema, qui en pleine allocution dans la province de la Ngounié a lancé « une société qui n’arrive pas à satisfaire le peuple n’a pas le droit de nous brandir des menaces de grève sous prétexte d’un 13ème mois qu’on doit leur payer ». Mais au-delà de ces missives, c’est toute la structure SEEG qui est remise en cause.
Management déficient, problèmes structurels, la SEEG, un géant fragilisé
Il faut dire que depuis la réquisition par l’Etat gabonais début 2018, les nombreux problèmes déjà existants se sont amplifiés, symbolisés par le fait qu’en à peine cinq ans, une dizaine de directeurs généraux y ont séjourné souvent même pour quelques heures, comme ce fut le cas pour Ousmane Cissé, témoignant d’un management fébrile. Sur le plan opérationnel, ce n’est guère mieux, puisqu’entre branchements anarchiques qui sont désormais légion, absence de compteurs pour les clients demandeurs, absence d’investissements dans l’outil productif avec à peine 17 milliards de FCFA en 2022 quand la masse salariale a atteint 50 milliards de FCFA, la situation est chaotique. Idem sur le plan économico-financier, puisque malgré un monopole qui lui assure un chiffre d’affaires annuel de plus de 230 milliards de FCFA, la société peine à se réguler.
Fragilisant sa structure organisationnelle, ces nombreux dysfonctionnements qui se généralisent en dépit du fait qu’on a greffé à cette structure historique un pendant dénommé Gabon Power Company (GPC), révèle donc un mal bien plus profond que ce simple 13ème mois réclamé par des employés. Dans « l’essor vers la félicité » qu’ils entendent mettre en œuvre, il serait donc judicieux pour le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), de mettre un point d’honneur à réhabiliter cette structure de souveraineté, comme peut l’être dans un autre régistre, la Société Gabonaise de raffinage (Sogara).