Gabon: près d’une centaine de clients de l’agence Xpress Visa Ltd escroqués depuis Dubaï
Rhonny Clay Nkombi Magoulou et sa compagne Ada Fatima Nkombi Magoulou, un couple de Gabonais, sont activement recherchés pour une vaste escroquerie dont ils seraient les principaux artisans. En effet, près d’une cinquantaine de compatriotes auraient été « roulés dans la farine » par le gérant de l’agence Xpress Visa Limited installé à Dubaï et exerçant dans l’importation de véhicules.
C’est la déferlante sur la toile notamment sur la page « 1,8 million de consommateurs » où les plaintes pour escroquerie sont légion. Principale cible de cette vague de dénonciations, un compatriote âgé de 32 ans à peine et répondant au nom de Rhonny Clay Nkombi Magoulou. Il lui est notamment reproché d’avoir encaissé d’importantes sommes d’argent de personnes désireuses de se procurer des véhicules sans pour autant avoir livré ladite marchandise.
Un modus operandi digne de Bernard Maddoff
Pour parvenir à ses fins, le mis en cause aurait implanté un siège social à Angondje-Sherco à quelques encablures de la pharmacie « Le bon samaritain » dans la petite et juvénile commune d’Akanda. C’est tout naturellement là-bas que les clients se rendaient pour effectuer le paiement de la partie d’argent devant garantir leurs achats. Il s’agirait du versement de 70% à l’avance. Ce qui suppose que les 30% étaient supportés par la société jusqu’à livraison du bien acquis par le nouveau propriétaire.
D’ailleurs, le jeune entrepreneur, ancien employé d’une société pétrolière, gagnera l’estime des clients car jouissant d’un passif sans tâche. « Plusieurs hauts cadres du pays l’avaient déjà sollicité et tout s’était bien passé apparemment. C’est justement ce qui nous a motivés. Mais c’était l’appât on dirait », a confié une victime à Gabon Media Time (GMT). Pourtant, la suite de la collaboration va se dégrader quand les délais seront échus et que les véhicules ne seront pas livrés.
Une cabale judiciaire mitigée
Suspectant une arnaque, certains clients vont saisir les autorités judiciaires pour les aider à démanteler le prétendu réseau d’escrocs. Une démarche salvatrice puisque peu de temps après le dépôt à la chaîne, des plaintes dans le commissariats, plusieurs employés de ladite structure seront interpellés. « Nous avons pu mettre la main sur l’individu qui nous a fait balader au téléphone. C’est le petit frère et collaborateur du chef de l’entreprise. Il est actuellement en garde à vue, en attendant que ses chefs qui sont actuellement à Dubaï viennent répondre de leurs actes », a révélé une autre plaignante.
Même son de cloche chez une victime à mobilité réduite qui a mis toutes ses économies pour acquérir un véhicule adapté à sa situation. « J’ai été amputée des deux pieds..et j’ai pris deux crédits pour avoir une voiture adaptée à mobilité réduite. Je vais faire comment ? Aujourd’hui sa femme nous insulte », a-t-elle déclaré en larmes.
Apprend-t-on dans la foulée que Dalia Gilberte Nzebote Kowou, secrétaire de ladite société chargée de l’encaissement et de la facturation, est depuis écrouée à la prison centrale de Libreville pour complicité. « Madame Dalia m’a fait signer un contrat qui stipulait qu’ ils devaient me livrer ma voiture 90 jours après la date de commande. En janvier, ils m’ ont fait signer à nouveau un autre contrat en présence de Rhonny Nkombi », a dénoncé un client mécontent.
Lequel précise « en février 2021 dalia m’avait confirmé que le véhicule avait embarqué pour Libreville et qu’ il me sera livré au plus tard début avril . Ensuite plus rien jusqu’à ce que je trouve le poste de Madame Shay sur Facebook qui je pense alerte plusieurs », a-t-il conclu à ce propos. Une version soutenue par la mise en cause lors de l’enquête préliminaire qui aurait indiqué que c’est son patron qui détiendrait les sous.
« Je ne suis pas gérante de cette entreprise svp. J’ai reçu votre argent au nom de l’entreprise, et votre nom est bien mentionné dans le fichier de la liste des clients », avait-elle déclaré à une cliente via WhatsApp. Une tentative de dédouanement qui semble tenir la route. Et d’autant plus que le gérant ne sera jamais véritablement inquiété.
Le mea culpa du présumé « escroc »
Dans l’optique de démêler le vrai du faux dans ce dossier d’une complexité avérée et d’une sensibilité déconcertante, Gabon Media Time s’est rapproché du mis en cause qui a tenu à lever l’équivoque sur l’affaire. « Xpress Import services est une société spécialisée dans l’import- export et plus précisément dans l’importation des véhicules d’occasion […] Malheureusement, beaucoup d’entreprises paient les frais du Covid et notre société en fait partie », a-t-il rappelé.
Poursuivant ses explications, le gérant présumé « malhonnête » a reconnu le préjudice causé qu’il tenterait de réparer. « À l’heure où je vous parle, nous avons décidé de vendre tous les biens de l’entreprise pour commencer à procéder aux remboursements des clients. Les agents en charge de l’enquête sont malhonnêtes. Nous sommes traités de bandits et d’escroc, pourtant ces agents ont quand même réussi à vérifier la présence de nos véhicules au port d’owendo », a-t-il indiqué.
Pour finir, Rhonny Clay Nkombi Magoulou a déploré la vague de plaintes sans preuves qui viseraient à détruire son image. « Nous recevons des plaintes pour des clients dont je n’ai jamais entendu parler. En tout cas, les fonds ne me sont jamais parvenus. Toutefois, notre cabinet a la responsabilité de recevoir toutes ses personnes avec leurs factures et reçus pour vérifier s’il ne s’ agit pas de supercherie », a-t-il conclu.
Une affaire à près de 50 millions en hibernation
Rappelons qu’à l’heure où nous couchons ces lignes, seule la première vague de plaignants évaluée à 20 clients a pu être remboursée. Entre-temps, la société pourtant en difficulté aurait poursuivi ses activités sous le même format en encaissant des millions de nos francs en délivrant des promesses de vente.
En faisant le décompte, reçus de paiement à l’appui, la somme d’argent perçue par Xpress Visa Limited est de 48.650.000 FCFA. Un véritable pactole en cette période difficile liée à la Covid-19 qui a considérablement ralenti l’activité économique mondiale.
La justice gabonaise, en l’occurrence la Garde des sceaux, Erlyne Antonela Ndembet épouse Damas dont les services reliés auraient été saisis par Rhonny Clay Nkombi Magoulou gagnerait à se prononcer pour situer ces pères et mères de famille dans la tourmente. Nous y reviendrons !