Gabon : près d’un habitant sur cinq est immigré

Avec 18,7 % de sa population composée d’étrangers, le Gabon se classe premier pays d’Afrique en termes de proportion d’immigrés, selon les dernières données publiées par le World Population Review. Concrètement, près d’un Gabonais sur cinq est un immigré, une singularité qui interroge autant qu’elle illustre la place stratégique du pays dans la sous-région.

Une destination privilégiée pour l’Afrique de l’Ouest et centrale. Cette forte présence étrangère s’explique par la stabilité relative du Gabon et par ses opportunités économiques, notamment dans le secteur pétrolier, minier, forestier et informel. De nombreux ressortissants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ont fait du pays une terre d’accueil, attirés par la perspective de revenus plus élevés que dans leurs pays d’origine.

Le podium africain est complété par la Guinée équatoriale (16,4 %) et Djibouti (12,1 %), deux pays où l’économie ouverte aux travailleurs migrants joue un rôle central. La Libye (12 %) et le Soudan du Sud (7,9 %) figurent également dans le classement, pour des raisons contrastées : exploitation pétrolière d’un côté, flux liés aux crises humanitaires de l’autre.

Un apport économique, mais un défi social

Au Gabon, la main-d’œuvre immigrée est particulièrement présente dans le secteur informel, qui compte près de 200 000 opérateurs économiques et contribue à environ 35 % du PIB national. Mais moins de 20 % de ces activités sont détenues par des Gabonais, ce qui traduit une forte dépendance du tissu économique vis-à-vis des étrangers.

Cette réalité soulève la question de la cohésion sociale et de l’emploi national, alors que le chômage des jeunes reste élevé. Entre besoin de main-d’œuvre et tensions sur le marché du travail, le défi pour les autorités de la Vème République est de concilier ouverture économique et protection des intérêts des Gabonais.

Si l’immigration constitue une ressource vitale pour des secteurs clés, elle met également en lumière la fragilité du modèle économique gabonais, qui peine à absorber et valoriser son propre capital humain. Dans un contexte de réformes et de volonté affichée de souveraineté économique, le débat sur la place des immigrés dans le développement national devrait s’imposer comme un enjeu majeur des prochaines années.