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Gabon : Premier Gouvernement post-Transition, 18 ministres + 1 pour lancer un signal fort !

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Dans quelques heures, le Gabon découvrira le visage de son premier gouvernement pleinement inscrit dans l’après-Transition. Un moment de vérité politique, mais surtout un test de cohérence. Car à l’heure où les discours officiels exaltent la rigueur, la rationalisation des dépenses publiques et l’efficacité de l’action de l’État, un fait s’impose : on ne peut prêcher la sobriété avec un exécutif pléthorique.

Le signal attendu est limpide. Dix-huit ministres, pas un de plus, éventuellement complétés par un chef du gouvernement, suffiraient à traduire dans les faits la volonté de rupture affichée par Brice Clotaire Oligui Nguema. Dix-huit ministres, ce sont dix-huit cabinets au lieu de trente, dix-huit cortèges officiels au lieu d’une flotte interminable, dix-huit véhicules de fonction au lieu d’un parc automobile disproportionné et extrêmement coûteux. En clair : un État qui commence par se discipliner lui-même.

La Ve République à l’épreuve de la sobriété

La Ve République gabonaise ne peut naître dans l’abondance administrative. Elle doit s’installer dans la sobriété stratégique. Un gouvernement resserré n’est pas un appauvrissement institutionnel, c’est un choix de clarté et de responsabilité. Regrouper intelligemment les portefeuilles – Économie, Finances et Planification ; Défense et Intérieur ; Justice et droits de la Femmes, de l’Enfants et de la Famille ; Communication, Médias et Économie numérique ; Hydrocarbures, Énergie et Mines ; Éducation, Formation professionnelle et Enseignement supérieur ; Environnement, Climat, Pêche, Eau et Forêt – permettrait non seulement de réduire les coûts, mais aussi de renforcer la cohérence de l’action publique.

Les grandes démocraties l’ont compris depuis longtemps. Les États-Unis gouvernent avec quinze secrétaires, l’Allemagne avec dix-sept ministres, le Japon avec moins de vingt. Ces États-continent n’ont jamais confondu efficacité et inflation ministérielle. Le Gabon, avec moins de 2,5 millions d’habitants, peut difficilement justifier une armée de portefeuilles, de conseillers spéciaux, de chargés d’études et de missions souvent sans périmètre clair.

Un message attendu par les populations

Pour les citoyens, l’enjeu est simple : les résultats. Routes praticables, hôpitaux fonctionnels, écoles dignes, sécurité effective, emploi réel. Un gouvernement resserré envoie un message de sérieux : moins de temps perdu en arbitrages internes, moins de conflits de compétences, plus d’obligation de résultats. Chaque ministre devient comptable de son action, sans l’excuse du chevauchement des responsabilités.

La réduction du train de vie de l’État n’est pas une obsession technocratique. C’est une exigence morale dans un pays où les sacrifices sont d’abord demandés aux plus modestes. Comment appeler à la patience sociale tout en maintenant au sommet une structure budgétivore, déconnectée des réalités quotidiennes ?

Un signal clair aux bailleurs de fonds

Le message est tout aussi crucial à l’endroit des partenaires financiers. Les bailleurs de fonds n’ont cessé d’alerter sur la masse salariale de l’État, particulièrement au sommet de l’appareil exécutif. Gouvernements hypertrophiés, cabinets pléthoriques, dépenses de prestige : autant de signaux négatifs dans un contexte de contraintes budgétaires.

Un exécutif limité à dix-huit ministres serait un acte politique fort, lisible et immédiatement crédible. Il démontrerait que la réforme commence par le sommet, que la discipline n’est pas un slogan, mais une méthode.

La rupture se mesure aux actes

Au fond, la question n’est pas celle du nombre pour le nombre. Elle est celle de la sincérité. La taille du gouvernement, la qualité des profils retenus, la sobriété de leur train de vie diront si la rupture annoncée est réelle ou cosmétique. La Ve République ne se bâtira ni avec des ministères fantoches, ni avec des nominations de complaisance.

Dix-huit ministres + un chef de gouvernement : voilà un signal fort. Un signal de discipline, d’efficacité et de respect envers un peuple qui attend moins de discours et plus de résultats. Le reste relèverait de la continuité, là où le pays réclame la vraie rupture.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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