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Gabon: plus de 440 milliards de FCFA transférés illégalement vers les paradis fiscaux en 2020

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Selon un récent rapport de l’organisation non gouvernementale Tax and justice network intitulé « Justice fiscale : état des lieux 2021 »,  les multinationales et les personnes fortunées installées dans le pays ont réalisé au cours de cette année, des transferts de bénéfices colossaux à destination d’autres pays notamment des paradis fiscaux. Estimés à un peu plus de 440 milliards de FCFA (758 millions de dollars), ces montants gigantesques qui échappent au Fisc, font du pays l’une des principales passoires dans ce domaine derrière des pays comme l’Afrique du sud ou le Maroc.

En soulignant le 14 décembre dernier à l’issue de leur mission au titre de la première revue du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), la nécessité pour le gouvernement gabonais « de renforcer davantage les recettes intérieures et la gestion des finances publiques pour soutenir la reprise et améliorer la viabilité de la dette » tout en insistant sur celle de « réduire les exonérations et d’accroître les recettes non pétrolières », la mission du FMI conduite par Boileau Loko a mis le doigt sur une dérive qui pénalise au plus haut point notre économie. 

Il faut dire qu’en plus d’être en plein marasme du fait de crises successives qui la pénalisent, l’économie gabonaise est fortement touchée par le phénomène de fuite de capitaux vers les paradis fiscaux. En effet, comme le révèle le rapport de l’ONG Tax and justice, ce sont près de 442 milliards de FCFA de bénéfices d’entreprises notamment, qui ont illégalement été transférés du pays vers l’extérieur, notamment les paradis fiscaux. Une somme colossale équivalente à plus du tiers des recettes fiscales engrangées à fin 2020 (1128 milliards de FCFA).

Mieux encore, dans ce rapport publié en novembre dernier et intitulé « Justice fiscale : état des lieux 2021 », l’ONG souligne qu’en 2021 se sont près de 132 milliards de FCFA qui ont été enregistrés en termes d’abus fiscal des

entreprises. Une somme là encore considérable et qui représente pas moins de 1,4% du Produit intérieur brut (PIB). Somme à laquelle s’ajoute d’ailleurs, pas moins de 1,8 milliard de dollars soit 1043 milliards de FCFA de Fortune offshore détenue par des citoyens du pays (plus de 10% du PIB). 

Privant le gouvernement de recettes fiscales qui auraient pu à la fois faciliter l’investissement et limiter l’endettement, ces sommes faramineuses, en plus de creuser les inégalités à l’intérieur des pays, jettent l’opprobre sur un vaste système de corruption d’une administration épinglée par de nombreux organismes internationaux. Portant « atteinte aux petites entreprises et aux entreprises nationales qui génèrent la majorité de l’emploi » comme l’indique Tax and Justice, ces « stratagèmes exercent également une incidence indirecte sur les finances publiques ». Toute chose de nature à accroître l’injustice fiscale et sociale. 

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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