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Gabon : Pierre Duro, l’octogénaire qui compromet le climat des affaires ?

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En réactivant la Task force de la Présidence de la Transition pour le contrôle, l’audit et la vérification des dettes intérieures et extérieures via l’arrêté n°0001/PT/2023, les nouvelles autorités gabonaises remettaient en selle, par la même occasion, un certain Pierre Duro. Personnage controversé, présent dans les arcanes du pouvoir depuis le milieu des années 70 selon plusieurs sources, l’homme semble résister à toutes les controverses, à telle enseigne qu’aujourd’hui sa présence aux côtés du général-président Oligui Nguema, fait craindre le pire dans le milieu des affaires au Gabon. Alors même que des risques croissants pèsent sur la capacité de remboursement de la dette du pays.

En mai dernier se tenait à Paris en France, le 1er Forum d’affaires Gabon-France. Un événement organisé par le Mouvement des entreprises de France International (MEDEF) et le ministère de l’Économie et des Participations. Présent à ce forum, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema avait dans ses valises, une figure controversée de la sphère économique gabonaise : le dénommé Pierre Duro. Celui qui aurait « collaboré en tant qu’ingénieur-conseil lors de la construction du Palais du Bord de Mer sous la gouvernance d’Omar Bongo, en association avec l’Atelier 74 (impliqué dans l’affaire dite des biens mal acquis », était aux côtés du nouvel homme fort du pays, non sans susciter moult inquiétudes. 

L’homme de 81 ans qui a l’oreille du président, inquiète les milieux d’affaires, notamment français, comme l’ont confirmé nos confrères du Monde Afrique qui évoquent « Le climat des affaires devenu malsain à Libreville » du fait de ces éminences grises. Au cœur de la Task force sur les dettes intérieures et extérieures, réactivée en septembre 2023, quelques jours à peine après l’arrivée des militaires au pouvoir. Au cœur d’une stratégie économique aux relents expansionnistes, le conseiller spécial du président de la transition aux méthodes controversées suscite craintes et préoccupations auprès des opérateurs. 

Des procédures à la limite de la légalité 

Ces derniers qui lui « reprochent de lancer des procédures à la limite de la légalité » comme nous l’indiquait le très introduit Africa Intelligence, s’inquiètent désormais de son influence grandissante qui « pourrait bien menacer des décennies de partenariats établis et l’avenir des investissements français dans le pays » dixit Gabon Review. Dans un contexte où les risques d’impayés d’entreprises sont grandissants selon les données de la Coface, où les stocks d’arriérés domestiques et extérieurs ne sont pas encore apurés, avec des déficits budgétaires qui devrait se situer à 5,3% et 5,8% en 2025 et 2026 selon Fitch Ratings, cette approche du druide français n’est pas sans conséquences. 

Les autorités de la transition qui entendent mettre en œuvre un Plan national de développement pour la transition (PNDT) chiffré à plus de 3696 milliards de FCFA, entretenir le train de vie dispendieux de l’Etat et « répondre aux demandes refoulées en matière sociale et d’investissement et aux attentes populaires », pourraient et devraient même se heurter à la réticence des investisseurs qui ne voient pas d’un bon œil, l’implication de ce conseiller omniprésent. Le Gabon qui doit impérativement poursuivre le train du désendettement pour venir à bout des 7080 milliards de FCFA d’encours, devra très rapidement repenser sa stratégie, au risque de se mettre à dos, une bonne partie de ses soutiens financiers. 

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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