Gabon: Nzouba Ndama mis en danger par une justice spectacle ?
Baladé comme un sans papiers et filmé à son insu par des gendarmes visiblement en soif de sensations fortes lors de son interpellation le samedi 17 septembre dernier, Guy Nzouba Ndama aura vécu un weekend des plus inconfortables. Seulement assigné à résidence, l’ancien président de l’Assemblée nationale se retrouve mis en danger du fait que dans l’opinion, il serait détenteur de milliards dans sa demeure.
Corps d’élite réputé pour sa singularité objective et minutieuse dans le déroulement des enquêtes qu’elle diligente, la Gendarmerie nationale a, semble-t-il, perdu ses lettres de noblesse le temps d’un court instant. C’est l’analyse qui sied de faire en scrutant les fautes commises par les hommes du général de brigade Yves Barassouaga le samedi 17 septembre dernier face à Guy Nzouba Ndama.
Promptitude dans la prise de vidéo avec des commentaires, exhibition du butin dans une salle de la Direction générale des recherches (DGR) de Franceville avec en fond l’ancien patron du perchoir, tête baissée. Un choix assumé par ces agents qui semblaient obnubilés par l’idée de vendre une image de caïd de Guy Nzouba Ndama qu’autre chose. Sinon comment expliquer autant de dérapages en si peu de temps ?
À la lecture plate des faits, les pandores ont passé un message repris par un des leurs dans la courte vidéo devenue virale : « pendant que le peuple souffre vous avez des milliards ». Toute chose qui expose l’individu à tout délinquant ou criminel qui voudrait bien se remplir les poches en le dépouillant. Aussi, il est judicieux de préciser que les fonds transportés par « Nzouba Ndama n’étaient que le fruit de l’épargne de son épouse dans une banque au Congo Brazzaville dont elle est originaire », selon certaines de ses proches.
Ainsi donc, l’excès de zèle de la Gendarmerie nationale, dont le numéro 1, Yves Barassouaga multiplie pourtant les opérations de communication sur la discipline de ses hommes, n’a fait que mettre en danger la vie d’un dignitaire de la République et ce, au mépris du droit à l’image dû à tout individu conformément aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui énonce que « nul ne devrait être humilié », même lorsqu’il est en état d’arrestation.
Par ailleurs, l’article 249 alinéa 1 du Code pénal prévoit une peine de 5 ans d’emprisonnement et 5 millions FCFA au plus contre quiconque expose directement autrui à un risque immédiat. Dans le cas d’espèce, ses domiciles pourraient subir des cambriolages ou tout autre agression imputable aux forces de l’ordre qui l’ont livré à la vindicte populaire simplement pour satisfaire l’égo de personnalités que les gendarmes ont eux-mêmes appelé « qui de droit ». Nous y reviendrons.