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Gabon : NIP et vie politique, l’Autorité de protection des données rassure

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L’introduction du Numéro d’Identification Personnelle (NIP) dans l’adhésion aux partis politiques continue de susciter débats et inquiétudes. Mais dans une réponse adressée à la presse, Joël Dominique Ledaga, président de l’Autorité pour la protection des données personnelles et de la vie privée (APDPVP), tient à rassurer : l’opération est régulière, encadrée par la loi, et soumise à des garde-fous juridiques précis.

Un avis consultatif rendu avant la loi. Dans sa correspondance, l’APDPVP rappelle avoir été officiellement saisie, dès le 14 mai 2025, par le ministère de l’Intérieur pour avis motivé sur le projet de loi relative aux partis politiques. Cet avis, rendu le 27 mai par délibération n°079 BIS, confirme que le NIP est bien une donnée personnelle à protéger. « Les partis politiques, responsables de traitement, doivent impérativement effectuer une déclaration simplifiée de conformité auprès de l’APDPVP », a précisé Joël Dominique Ledaga.

Autrement dit, l’usage de cet identifiant ne peut se faire ni dans l’opacité, ni sans contrôle : chaque parti devra obtenir l’aval de l’autorité avant de collecter ou traiter les NIP de ses adhérents.

Un usage limité et une finalité d’intérêt public

Selon l’APDPVP, la finalité poursuivie par le ministère est « une opération d’intérêt public, légale », visant exclusivement à centraliser et vérifier les adhésions pour éviter la double appartenance politique. « Cette opération ne fait prévaloir aucun croisement avec un quelconque fichier susceptible de porter atteinte aux droits et libertés », a insisté le président de l’institution.

Le principe est clair : pas de partage public des données, pas de stigmatisation possible, pas d’utilisation en dehors de l’objectif prévu par la loi.

Des garde-fous juridiques mais un défi pratique

L’autorité rappelle que le consentement des citoyens doit être libre et éclairé, et que les informations doivent être restituées en cas de dissolution d’un parti. En cas d’abus, l’APDPVP conserve ses pouvoirs de contrôle, d’investigation et de sanction. « Notre mission essentielle est de veiller à ce que la collecte et l’utilisation des données personnelles ne portent atteinte ni à l’identité humaine, ni aux libertés fondamentales », a souligné Joël Dominique Ledaga.

Toutefois, le succès de cette réforme dépendra aussi de la pédagogie autour du NIP et de l’accessibilité des mécanismes de recours. Car pour de nombreux citoyens, la crainte d’un fichage politique reste réelle.

Une vigilance partagée pour protéger les libertés

Si l’APDPVP se veut rassurante, elle appelle implicitement à une vigilance partagée. Les partis politiques devront jouer la carte de la transparence en expliquant à leurs adhérents les raisons et l’usage du NIP. Les citoyens, eux, devront rester attentifs à leurs droits et signaler tout manquement. Quant à l’État, il est attendu sur sa capacité à financer et accompagner l’Autorité afin que celle-ci exerce pleinement ses prérogatives de contrôle.

À l’heure où le Gabon réforme en profondeur son système partisan, le NIP peut devenir un outil de clarification et de transparence. Mais il ne doit jamais se transformer en instrument de surveillance politique. L’APDPVP en a posé les bases juridiques, reste désormais à ce que la pratique, contrôlée et encadrée, en fasse un outil au service de la démocratie et non une menace pour la liberté.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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