Gabon: mariages religieux arrangés, un phénomène dangereux pour la famille?
Au Gabon, comme dans plusieurs pays d’Afrique noire, les mariages sont de plus en plus dictés par l’obédience religieuse et les arrangements qui y naissent entre familles. Résultat, des individus des deux sexes se mettent en couple par le lien marital au nom du « saint esprit » et non par amour, et divorcent quelque temps après qu’ils ont découvrent les travers des uns et des autres. Un fait de société inquiétant pour la cellule familiale frappée d’instabilité.
La famille, vue comme le socle de la société est depuis quelque temps sujette à une instabilité savamment entretenue. Il s’agit du choix abracadabrantesque du conjoint. En effet, si tout individu est libre de choisir son partenaire de vie, il n’en demeure pas moins que l’église qui occupe une grande place dans nos sociétés, parvient à endiguer les aspirations d’autrui au point d’établir une norme. C’est ainsi que dans les églises dites « éveillées » les personnes aspirant à se marier doivent « prier le même Dieu ».
Une manière subliminale de dire que « nul ne devrait aller chercher son époux ou son épouse hors de l’église de peur d’attirer les démons », a tenu à expliquer un ancien membre d’une assemblée chrétienne victime de ce qu’il compare aujourd’hui à un chantage émotionnel. Pour ce dernier, « la pression est telle que des fois tu n’écoutes plus personne. J’en connais qui ont dû quitter leur femme et leurs enfants pour épouser une sœur de la même assemblée », a-t-il déploré. Pour les adeptes, il s’agit du phénomène du rapprochement de cœurs.
Pour faire simple, un ancien de l’église est chargé d’expliquer aux plus jeunes que leurs époux sont dans la même assemblée. Puis vient le soir où à l’occasion d’une veillée de prière, le prophète va appeler au hasard, deux individus de sexes opposés pour les fiancer. Les deux tourtereaux ne devront coucher ensemble qu’après la célébration de leur union. Ce qui, selon une magistrate, constitue un danger réel pour la construction de la cohésion sociale et de l’amour. « L’amour c’est l’habitude et l’entente. Mais l’entente emporte le sexe », a-t-elle souligné.
Pour cette dernière, le droit de la famille qui définit essentiellement les liens d’alliance et les liens de parenté pourrait en être affecté. Et ce, du fait que bon nombre de liens se défont de plus en plus depuis quelques années. Au point de normaliser le divorce dans la société gabonaise qui enregistre une faible occurrence de mariages par famille. « C’est triste de le dire. Mais la majorité des divorces prononcés ce sont les chrétiens mariés sans se connaître. Certaines femmes découvrent que l’homme a des impuissances après le mariage. Les hommes que les femmes ne savent rien faire », a dénoncé une source judiciaire autorisée.Une situation qui fragilise la famille.