Gabon : marchés publics, le peuple gronde contre l’ère des copains, coquins et consanguins

La révélation glaçante selon laquelle 93,25 % des marchés publics en 2025 ont été passés en gré à gré continue de provoquer une onde de choc dans l’opinion. Entre indignation, sarcasme et exaspération, les Gabonais dénoncent massivement, sur les réseaux sociaux, la perpétuation d’un système mafieux fondé sur le clientélisme, malgré les promesses de rupture. À travers leurs réactions, c’est tout un pays qui dit non à la confiscation de l’État par une élite consanguine.
Un système de prédation qui résiste à la transition. « Ce n’est plus une gestion. C’est une confiscation ». Cette phrase, parmi les plus partagées sur la toile depuis la publication du communiqué du Conseil des ministres du 30 mai 2025, résume le sentiment dominant. Pour de nombreux Gabonais, le chiffre de 93,25 % de marchés passés sans appel d’offres n’est pas une simple anomalie administrative. C’est le symptôme d’un mal profond : la reproduction d’un système d’exclusion économique où les marchés se distribuent entre initiés, copains, coquins et consanguins.
« On se passe les marchés entre copains. On n’est pas sérieux ! », fulmine un internaute. Tandis qu’un autre rappelle amèrement : « La restauration des institutions, c’était le restaurant. » Dans un contexte de transition, où l’armée s’est engagée à moraliser la vie publique, cette hémorragie d’attributions opaques apparaît comme une trahison. « Le CTRI va-t-il se dédouaner après s’être mis hors-la-loi ? », s’interroge un citoyen, en référence aux promesses non tenues d’un pouvoir censé rompre avec les pratiques du passé.
Copinage institutionnalisé, démocratie entravée
Pour beaucoup, cette dérive n’est pas que technique. Elle est politique. Car attribuer sans appel d’offres, c’est tuer la concurrence, écarter les PME honnêtes, décourager les jeunes entrepreneurs et favoriser une caste déjà gavée. « On parle ici de milliards confiés à des mains choisies sans débat, sans obligation de performance », s’indigne un internaute. Et un autre d’ajouter : « Pendant que des entreprises gabonaises crèvent, que des jeunes qualifiés errent, le peuple attend l’eau, l’école, les soins. »
Ce système de prédation consacre une République verrouillée par les mêmes, pour les mêmes. Le discours de rupture du président Brice Clotaire Oligui Nguema, salué pour sa fermeté, semble pour l’instant buter sur un mur d’intérêts corporatistes et d’alliances douteuses dans l’appareil d’État. « Les Codos au pouvoir, mais le désordre persiste », ironise un internaute. Et un autre de conclure : « Si on connaît le pourcentage, qu’on nous donne les noms ! »
L’appel à l’action : sanctionner pour restaurer
Dans cet océan d’indignation, une revendication émerge avec force : des sanctions. « Au Bénin, tout responsable aurait été exclu de la commande publique ou emprisonné », rappelle un contributeur. La question de la redevabilité devient centrale : qui a signé ces marchés ? Qui les a validés ? Et surtout, qui rendra des comptes ?
Le ministre Henri-Claude Oyima, qui a courageusement tiré la sonnette d’alarme, mérite un soutien plein et entier. Mais il ne pourra gagner cette bataille sans une refonte totale de l’architecture de la commande publique. C’est désormais à Brice Clotaire Oligui Nguema, président et chef du gouvernement, de faire tomber les masques. Car à force de tolérer l’impunité, c’est le socle de la République qu’on fragilise.
Copains, coquins, consanguins : l’équation à résoudre
L’heure n’est plus aux constats mais aux décisions. Ce système de gouvernance fondé sur le népotisme économique n’est pas une fatalité. Il peut et doit être démantelé. Cela exige des audits indépendants, la publication systématique des marchés attribués, des procédures de mise en concurrence simplifiées, et surtout, des sanctions exemplaires.
« Un pays ne se bâtit pas par des budgets, mais par l’intégrité dans la manière de les utiliser », rappelle un citoyen. Si la transition veut mériter son nom, elle devra rompre définitivement avec l’ère des copains-coquins. Car le peuple regarde, observe… et n’oubliera pas.
GMT TV