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Gabon : « Maître », un titre issu d’une convention sociale et non légale !

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L’utilisation du prédicat « Maître » par Marlène Essola Efountame, un Conseil juridique, lui a récemment valu un courrier lui demandant des éclaircissements à l’initiative de l’Ordre des avocats du Gabon. Une mise en garde jugée « peu compréhensible » par les intéressés et qui ravive, une fois de plus, un débat que beaucoup croyaient clos à savoir qui a le droit (ou non) d’être appelé « Maître » ?

La réponse est pourtant limpide depuis 37 ans avec la loi n° 2/88 du 23 septembre 1988. Cette loi régit toujours la profession de Conseil juridique, ne mentionne à aucun moment cette appellation. Pas plus, d’ailleurs, que les textes régissant les avocats, les notaires, les huissiers de justice ou les greffiers.  

Maître n’est pas une désignation légale mais sociale ?

Comme l’a expliqué Gilles Symphorien Lepebe, secrétaire général de la Chambre nationale des Conseils juridiques, à notre confrère La Presse Judiciaire, « C’est un faux débat. Maître n’est ni un titre légal, ni un privilège réservé, ni une obligation. C’est une simple convention sociale, comme lorsqu’on appelle un instituteur Maître à l’école. Aucune loi gabonaise n’a jamais consacré ce prédicat. »

Si cette explication corroborée par des avocats joints à Paris et Abidjan est  vraie, il serait donc judicieux que cette réalité soit connue de tous sans ambiguïté. Aussi, le statut de 1988 est clair. Le Conseil juridique est un professionnel libéral qui donne des consultations, rédige des actes sous seing privé et assiste les particuliers et entreprises hors contentieux. La loi précise qu’il ne plaide pas, ne porte pas la toge et ne prêter aucun serment devant une juridiction.

Aussi, l’accès à la profession reste subordonné à la justification d’un diplôme en droit, économie ou gestion. Le futur maître devra avoir une moralité irréprochable, effectuer un stage ou jouir d’une expérience significative en plus d’obtenir un agrément ministériel et son inscription à la Chambre nationale. Le courrier de l’Ordre des avocats semble donc reposer sur une lecture erronée prisonnière de la singularité suprémaciste voulue par les avocats.

Un vrai faux débat ?

À la lecture des textes et de la culture générale et universelle sur la question, on appelle les avocats « Maître » à cause d’une tradition historique médiévale, où les premiers juristes étaient des clercs laïcs. Ce titre symbolise donc leur autorité et leur maîtrise du droit. Ce n’est pas un titre légal mais un usage de civilité. Aucun texte n’interdit à un Conseil juridique d’être appelé « Maître » par ses clients ou correspondants, pas plus qu’il ne l’y oblige. 

Il semble donc judicieux de lever toute équivoque sur un chevauchement de compétences entre les avocats et les conseils juridiques qui pourraient justifier un tel imbroglio. Les Conseils juridiques interviennent en amont. Le statut des Conseils juridiques, bien qu’ancien, reste parfaitement clair. Et ce, même si un dépoussiérage mêlé à une mise à jour aideront à mieux vendre ce métier et attirer plus d’acteurs pour le bien des justiciables.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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