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Classements des universités africaines 2025 : l’absence du Gabon révèle une crise de l’enseignement supérieur

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À l’approche des résultats définitifs du baccalauréat, le rêve d’excellence académique se heurte à une réalité inquiétante : aucune université gabonaise ne figure parmi les meilleures d’Afrique selon les classements internationaux de référence. Une absence révélatrice d’un système en crise, incapable de répondre aux exigences contemporaines de compétitivité, d’innovation et de rayonnement scientifique.

Le dernier QS World University Rankings 2025, ainsi que les classements Webometrics 2025 et Times Higher Education 2024, dressent une carte de l’intelligence universitaire africaine. L’Afrique du Sud y règne en maître incontesté, avec cinq universités dans le top 500 mondial, dont Le Cap (171e) et Witwatersrand (276e). L’Égypte s’impose comme un géant en devenir, avec plus de 15 établissements classés. Même en Afrique francophone, des pays comme le Sénégal (UCAD, Gaston Berger) ou le Bénin (Abomey-Calavi) montrent une dynamique.

Le Gabon, quant à lui, brille par son absence. Ni l’Université Omar Bongo (UOB), ni l’Université des sciences et techniques de Masuku (USTM), ni même l’Université des sciences de la santé (USS), pourtant censées porter l’élite nationale, ne sont mentionnées. Ce mutisme institutionnel n’est pas anodin : il traduit un manque de moyens, d’ambition, de stratégie et d’investissement structurel dans l’enseignement supérieur.

Une génération piégée entre ambitions familiales et absence de perspectives nationales

Alors que plus de 29 000 candidats s’apprêtent à découvrir leur sort au baccalauréat 2025, la question du choix universitaire devient cruciale. Pour de nombreux parents, l’université gabonaise ne représente plus une option crédible. Infrastructures dégradées, grèves chroniques, manque de corps professoral qualifié, bibliothèques obsolètes, filières inadaptées au marché de l’emploi : les maux sont multiples, les réformes quasi inexistantes.

« Comment préparer l’avenir si l’université nationale ne prépare même plus au présent ? », interroge un enseignant-chercheur de l’UOB sous couvert d’anonymat. Ce dernier pointe une « absence de vision stratégique à long terme », illustrée par la faible visibilité internationale des publications, l’absence d’alliances scientifiques structurées, et le désintérêt politique pour l’université comme pilier du développement.

La faillite d’un système à reconstruire

Dans un monde globalisé, l’absence du Gabon dans les classements internationaux est plus qu’un simple désaveu : c’est une alerte. Un pays qui ambitionne l’émergence économique ne peut faire l’impasse sur l’investissement dans le savoir, la recherche et l’innovation. Sans universités fortes, il n’y a pas de capital humain compétitif, ni de leadership scientifique possible.

Alors que le président Brice Clotaire Oligui Nguema a promis une rupture avec les méthodes du passé, l’heure est venue d’engager une refondation de l’enseignement supérieur : financement conséquent, gouvernance modernisée, partenariat académique à l’international, et mise en place d’indicateurs de performance.

Faute de quoi, les classements de demain continueront d’ignorer le Gabon. Et avec eux, toute une génération condamnée à chercher ailleurs ce que son pays refuse encore de construire.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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Un commentaire

  1. Depuis des années la position du Gabon reste la même.

    Les Enseignants chercheurs et professeurs d’universités sont dans les cabinets et d’autres par faute de moyens sont obligés d’aller exercer au détriment des publications. Aucun accompagnement véritable de la Recherche Scientifique de la part des hautes autorités malgré les conférences sur le système LMD.

    Très alarmant, Toute une université incapable d’adapter le système Universitaire au marché de l’emploi à y regarder la présence au sein d’une université publique jouissant d’une autonomie administrative d’un centre professionnel appartenant à une Association donc une ONG tout près d’un amphithéâtre de DROIT.

    Une absence de volonté politique est au centre de notre non présence sur ce type de classement.

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