Gabon : l’ONEP menace de grève et met le gouvernement face à ses responsabilités

L’Organisation nationale des employés du secteur pétrolier (ONEP) hausse le ton. Dans une correspondance adressée aux ministres du Pétrole et du Gaz ainsi qu’à celui du Travail, l’organisation syndicale menace de déclencher une grève générale si les lois gabonaises en matière de droit du travail ne sont pas strictement appliquées par les opérateurs pétroliers. Un avertissement lourd de conséquences dans un secteur vital pour l’économie nationale.
Une mise en garde dans le sillage du discours présidentiel. C’est la récente déclaration de Brice Clotaire Oligui Nguema, le 29 août 2025, qui a agi comme déclencheur. À la veille du deuxième anniversaire du coup de la libération nationale, le Chef de l’État avait exigé « la stricte application des textes en matière de droit du travail », rappelant que l’article 17 de la Constitution garantit la protection des travailleurs étrangers en situation régulière.
Des propos salués par les travailleurs du secteur, mais que l’ONEP entend désormais voir se traduire en actes. « Cette déclaration doit laisser place à l’action », insiste le syndicat, qui interpelle directement les ministres concernés, estimant qu’ils « seront tenus responsables des dommages » en cas de paralysie du secteur.
Violations persistantes du Code du travail
L’ONEP dénonce une série de manquements graves commis par les opérateurs pétroliers. Parmi eux : la non-application du Code du travail, le non-respect de la loi 20/2007 sur la mise à disposition du personnel, la violation des décrets relatifs à l’emploi des travailleurs étrangers, ainsi que des arrêtés réglementant le travail sur sites pétroliers.
« Le 13 août 2025, avec d’autres syndicats, nous avons interpellé la Commission pour le Dialogue social dans le secteur des hydrocarbures. Trois semaines plus tard, toujours aucune réponse », regrette l’organisation, qui pointe une inertie gouvernementale face à un climat social de plus en plus délétère.
Un secteur stratégique sous pression
Le secteur pétrolier, pilier de l’économie gabonaise, représente l’essentiel des recettes d’exportation et une part considérable des finances publiques. Une grève générale, telle que menace de la déclencher l’ONEP, plongerait l’État dans une crise budgétaire majeure, à l’heure où le gouvernement prône discipline et rigueur économique.
L’ONEP appelle à des « actions fortes », alignées sur l’engagement du président Oligui Nguema, pour apaiser la situation et restaurer la confiance des travailleurs. Le bras de fer qui s’annonce pourrait bien tester la capacité de l’exécutif à imposer le respect de la loi dans un secteur longtemps gangréné par les passe-droits.
GMT TV