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Gabon : l’Onep alerte sur «la dignité bafouée» des travailleurs

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Après plusieurs mois d’accalmie dans les mouvements sociaux, les employés du secteur pétrolier gabonais ont renoué avec les autorités le 5 août 2025 à Port-Gentil, lors d’une rencontre entre l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) et les ministres du Pétrole et du Travail, rapporte Gabonreview. En jeu : des revendications profondes, liées à la sous-traitance, aux salaires et au respect de la loi.

Cela faisait plusieurs mois que les tensions s’étaient tues dans le secteur pétrolier. Mais derrière cette accalmie apparente, les frustrations, elles, demeuraient vives. Ce 5 août 2025, les ministres Sosthène Nguema Nguema (Pétrole) et Patrick Barbera Isaac (Travail) ont rencontré à Port-Gentil le bureau national de l’Onep, principal syndicat du secteur. Objectif : entendre des doléances qui, selon son secrétaire général Sylvain Mayabi Binet, n’ont jamais été prises en compte depuis le début de la Transition.

Une sous-traitance abusive et des salaires en berne

Au cœur des revendications : la précarisation croissante des salariés, l’usage abusif de la sous-traitance, et la violation persistante des dispositions de la loi 20/2007 sur le travail. « Il n’y a pas de respect de la grille salariale, il y a des violations systématiques de la loi. Et cela, avec la complicité de certaines entreprises donneuses d’ordres », a martelé Sylvain Mayabi Binet.

Selon lui, les sous-traitants, souvent en lien avec des multinationales pétrolières, exploitent les travailleurs en toute impunité, provoquant un sentiment de relégation et d’abandon. « Les travailleurs sont excédés d’attendre en vain. Et nous, leaders syndicaux, sommes taxés de corrompus », a-t-il déploré, appelant à des mesures claires pour restaurer la justice sociale.

Des engagements fermes du gouvernement de Transition

Face à cette situation tendue, le ministre du Pétrole s’est voulu rassurant. Sosthène Nguema Nguema a promis de réformer en profondeur la sous-traitance dans le secteur pétrolier. « Je n’admettrai plus qu’une société se cache derrière un prestataire pour maltraiter les Gabonais », a-t-il déclaré, annonçant des audits ciblés, l’imposition de chartes contractuelles et des sanctions contre les entreprises contrevenantes. « Ceux qui agissent ainsi sont des mercenaires », a-t-il fustigé.

De son côté, le ministre du Travail a exprimé son engagement pour un climat social plus juste, tout en saluant le rôle stratégique des travailleurs du pétrole dans l’économie nationale. Patrick Barbera Isaac a souligné que ces salariés, bien que perçus comme favorisés, vivent parfois des réalités professionnelles inacceptables.

Une relance du dialogue pour restaurer la confiance

Pour l’Onep, cette rencontre doit désormais déboucher sur des actes forts. « Le dialogue peut être la solution, mais nous n’avons pas l’impression que nos problèmes intéressent les autorités », a regretté Sylvain Mayabi. Le syndicat attend du gouvernement qu’il transforme ces promesses en actions concrètes, notamment sur les salaires, la sécurité de l’emploi et la fin des dérives managériales.

Alors que le pétrole reste le pilier de l’économie gabonaise, cette relance du dialogue social pourrait constituer une étape décisive vers un apaisement durable. Mais le temps presse, et les attentes, elles, ne faiblissent pas.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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