Gabon : « l’incompétence » de Paul Marie Gondjout au cœur de la paralysie du système judiciaire
Alors que la grève des magistrats gabonais perdure depuis décembre 2022, l’inaction et l’incapacité du ministre de la Justice à apporter des solutions concrètes continuent de paralyser l’appareil judiciaire. Le communiqué du Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG), signé par son président Landry Abaga Essono, révèle une gestion marquée par le mépris et une absence de considération pour une institution pourtant essentielle dans l’équilibre démocratique du pays.
Une grève historique face au mépris gouvernemental. Déclenchée il y a plus de deux ans, la grève des magistrats gabonais est née d’un constat alarmant : des conditions de travail et de vie qui se détériorent face à l’indifférence des autorités. « La patience ayant des limites, devons-nous encore attendre et pour quelles raisons ? » s’interroge Landry Abaga Essono, soulignant que malgré leur bonne foi et la suspension du mouvement en septembre 2023, aucun progrès significatif n’a été réalisé.
La promulgation de la loi n°040/2023 portant statut des magistrats, citée dans le communiqué, devait être un pas en avant, mais ses textes d’application restent absents. Une situation qui illustre, selon le SYNAMAG, une gestion marquée par l’inaction et le « dilatoire » de la part du ministère de la Justice.
Un ministre dépassé et inefficace
Depuis la suspension temporaire de la grève, les magistrats ont multiplié les rencontres avec les principales figures du pouvoir exécutif, y compris le ministre de la Justice, le Premier ministre et le Secrétaire général de la Présidence. Mais ces démarches se sont soldées par des « formules marquées des sceaux du dilatoire et de l’inconsidération », selon les termes du communiqué.
Le ministre de la Justice, censé être le porte-voix des préoccupations du secteur, apparaît totalement dépassé par les événements. Son incapacité à faire avancer les discussions ou à obtenir des résultats concrets pour les magistrats témoigne d’un manque criant de leadership.
Une justice reléguée au second plan
Le SYNAMAG pointe également du doigt une inégalité flagrante dans le traitement des revendications des différents corps de l’État. Pendant que les conditions des forces de défense et de sécurité, des anciens gouverneurs ou des membres du Parlement s’améliorent, celles des magistrats continuent de se dégrader. « La Justice est une institution non essentielle pour et dans la transition politique que connaît notre pays », dénonce le syndicat, mettant en lumière le désintérêt manifeste du gouvernement pour une réforme réelle de ce secteur.
Une mobilisation en quête de dignité
La grève des magistrats est bien plus qu’une revendication salariale ; elle symbolise une lutte pour la dignité et l’indépendance de la justice gabonaise. Le SYNAMAG appelle ses membres à se mobiliser massivement lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 13 janvier 2025 pour décider de la reprise ou du maintien de la grève.
Dans ce contexte, la responsabilité du ministre de la Justice ne peut être occultée. Son incapacité à répondre aux attentes légitimes des magistrats met en péril non seulement le fonctionnement de l’appareil judiciaire, mais aussi la crédibilité de l’État face à ses engagements.
Une issue incertaine, un ministre en sursis
La persistance de cette crise judiciaire pourrait bien marquer un tournant dans la transition politique en cours au Gabon. Le silence et l’inaction du ministre de la Justice ne font que creuser le fossé entre les magistrats et le gouvernement. Si aucune solution concrète n’est trouvée rapidement, le maintien de la grève semble inévitable, plongeant un peu plus le pays dans une paralysie judiciaire totale.
Il est désormais temps pour le gouvernement, et particulièrement pour le ministre de la Justice, de sortir de leur léthargie et de prouver leur engagement envers une justice digne et indépendante, au risque de perdre définitivement la confiance des magistrats et des citoyens.
GMT TV