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Gabon: l’inceste, une infraction pénale en pleine expansion

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Qualifié juridiquement de « viol par ascendant ou personne ayant autorité », l’inceste renvoie aux relations sexuelles entre un homme et une femme parents ou alliés à un degré prohibant le mariage. Pourtant cette pratique contraire à nos us et coutumes croît dangereusement au vu et au su des dirigeants qui ne semblent pas en faire un axe prioritaire dans la lutte contre ce phénomène.

Incompatible avec les valeurs coutumières locales, l’inceste n’en demeure pas moins une des pratiques les plus répandues. Et ce, malgré un arsenal juridique censé dissuader ceux qui ont pris le malin plaisir d’enfreindre les codes de vie en société et porter atteinte à l’ordre public. Doit-on rappeler que cette pratique est à l’origine de plusieurs traumatismes majoritairement chez les enfants de moins de 15 ans dont l’autodéfense se résume « aux cris et aux larmes face à des êtres dévêtus de valeurs humaines », comme le rapporte l’enquête Virage rendue publique en 2020?

Selon un B.A.O entendez par là « Bouche à oreilles » réalisé dans plusieurs quartiers de Libreville et de Port-Gentil, le tabou autour de l’inceste favorise son expansion. Pour plusieurs Gabonais, la honte et le poids de la famille poussent les victimes à se terrer dans un profond mutisme. Pour tenter d’inverser la donne et d’amener les victimes à dénoncer ces agressions, la Juridiction pour mineurs de Port-Gentil a mis en place « une boîte à dénonciations » conformément à la loi organique numéro 003/2 018 du 8 février 2019, portant code de l’enfant en République gabonaise.

C’est d’ailleurs ce mécanisme ingénieux et direct qui a permis à mettre la main sur « Edgar Kapone », un compatriote qui avait pris l’habitude de détruire sa progéniture en les soumettant aux viols en réunion et aux actes sodomites sur 4 des ses enfants, tous sexes confondus. Occasion pour Greta Clarielle Marat-Abyla Tchandi, présidente de la juridiction des mineurs de faire le diagnostic sur la situation. « Avant beaucoup de rétractaient aujourd’hui ils n’ont plus trop peur de dénoncer », a-t-elle indiqué.

Un constat qui serait plutôt la conséquence d’une rupture de confiance des justiciables envers les autorités judiciaires. « C’est plutôt le fait que les dénonciations n’aboutissent souvent à aucune sanction qui commence à les décourager »,a martelé la magistrate. Aussi, révèle-t-elle que « tous les jours…Je dis bien, tous les jours, nous recevons des dénonciations ». Preuve que l’inceste prend insidieusement des proportions inquiétantes dans notre société.

Si pour certains, la solution serait de corser davantage les peines encourues en cas de viols par des ascendants sur enfants, la magistrate quant à elle, appelle à la prise de courage de la part des victimes. « Pour les victimes qui sont encore dans le silence, nous voulons leur dire qu’elles ont des droits. Le premier c’est d’être protégé par la société et les adultes que nous sommes. Il est temps de rompre le silence, de se lever pour dire:” Ça suffit! Je suis un enfant! Mon corps, c’est Mon corps!  », a conclu la présidente de la juridiction des mineurs plébiscitée pour ces résultats déjà obtenus dans la ville du pétrole.

Rappelons que la Ministre de la Justice, Garde des sceaux Erlyne Antonella Ndembet épouse Damas avait procédé à la mise en service d’un numéro vert pour faciliter cette opération de dénonciation qui incombe finalement à tous. Il s’agit du 1412. Néanmoins, les populations regrettent l’absence de diligence des autorités compétentes pour combattre de manière effective ce mal qui gangrène le vivre ensemble. « C’est bien de mettre un numéro vert. Mais décrochent-ils 24h/24? Le combat mené à Port-Gentil doit être pareil partout. Pour les femmes on les voit partout mais l’avenir c’est les enfants » a déploré Étienne, un compatriote interrogé à Libreville. Vivement un mouvement d’ensemble au niveau de la Justice pour l’intérêt de la nation.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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