Gabon: Libreville, de la «Belle» à la bête
Autrefois considérée comme un havre de paix et l’une des plus belles villes africaines, Libreville, capitale du Gabon huitième producteur de pétrole africain, n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même. Entre insécurité, garages à ciel ouvert, tas d’immondices jonchant la grande majorité de ses principales artères, voiries urbaines en état décrépitude rendant difficile l’accès à certaines zones d’habitation, et difficultés d’accès à l’eau potable, la ville qui jadis électrisait le continent, n’est réellement plus que l’ombre d’elle-même.
Hilarion Nguema, l’une des plus belles voix de la chanson gabonaise, et l’orchestre “AFRO SUCCÈS”, la chantait. Le Guadeloupéen Guy Adelaide Lafages alias Guilou, en est littéralement tombé amoureux au point lui aussi, d’en faire une chanson. Il faut dire que la ville avait tout pour plaire. Un dynamisme économique. Un rayonnement international. Des plages de sable fin. Le tout couronné par une sécurité qui en faisait un véritable havre de paix. Hélas, ça, c’était avant!
En effet, Libreville, la « Belle », a bien changé! Devenue une métropole où se croisent différentes communautés sans réelle discipline, la ville a perdu de son charme, de son éclat, de sa splendeur, sous le regard hagard d’autorités incapable aussi bien de l’entretrnir que de l’améliorer. Résultat, la ville qui compte aujourd’hui un gros million d’habitants, concentre en son sein un niveau de plus en plus inquiétant de risque, d’insécurité, d’instabilité et de criminalité. Au grand dam de populations désabusées!
A cela il faut y ajouter, une insalubrité galopante marquée notamment par des garages et des caniveaux à ciel ouvert, une décharge de mindoubé à l’équation insoluble, mais également un réseau de voiries urbaines en état de décrépitude, le tout malgré les nombreuses promesses faites ça et là et surtout en dépit les moyens colossaux dont disposent la commune dans son ensemble. Une commune qui pourtant dispose de moyens colossaux comme en témoigne d’ailleurs le « partage » chaque année, de plus de 20 milliards de FCFA en salaires et traitements.
Loin, très loin de cette vision moderne et structurée qu’elle affichait jusqu’à la fin des années 90, Libreville la « Belle » ressemble aujourd’hui à s’y méprendre, à une bête qui engloutit ses habitants. Une situation qui est d’ailleurs stigmatisée par le changement constant d’édile, puisque en à peine cinq ans, la commune de Libreville, la plus importante du pays, en est déjà à cinq (incluant l’intérimaire Serge William Akassaga). Reflet du pays, la capitale gabonaise dans toute sa transversalité, sa globalité et son pluralisme ethnique, fait peine à voir. Elle qui était jadis « l’amie » et même l’amoureuse de ses habitants.