Gabon : les grands défis structurels et infrastructurels de la SEEG
Dans l’œil du cyclone ces dernières semaines du fait des nombreux délestages et autres coupures d’électricité qui paralysent plusieurs activités commerciales et sanitaires notamment, en plus de créer des dommages chez les populations, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) doit surtout composer avec de grands défis structurels et infrastructurels. Effectifs pléthoriques, rupture dans sa chaîne d’approvisionnement en matériels de branchement, vétusté de son outil de production, en plus d’une omniprésence de l’exécutif. Autant de maux qui minent cette entreprise étatique, qui joue pourtant un rôle clé dans le développement du pays.
Réquisitionnée en février 2018 par l’Etat gabonais qui invoquait « la dégradation de la qualité du service rendu aux usagers, les efforts financiers consentis par l’Etat non suivis des effets escomptés et les plaintes récurrentes des populations », la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) a depuis lors, vu sa situation se dégrader un peu plus. 6 ans plus tard, cette entreprise stratégique pour le développement du pays, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Déficit de production d’électricité, travaux de maintenance mal réalisés, incidents de corrosion, vieillissement des infrastructures, rupture ou livraison tardive de compteurs. La société est à la peine.
Comme le soulignait d’ailleurs son nouveau responsable, Joël Lehman Sandoungout, au sortir d’une rencontre avec le premier ministre Raymond Ndong Sima en novembre dernier, « la situation de la SEEG est extrêmement difficile ». Mais comment le comprendre, alors que celle-ci jouit d’un monopole sur les secteurs de l’eau et de l’électricité. Deux secteurs indispensables au pays tout entier. Comment le comprendre alors qu’elle dispose de plus de 240 milliards de FCFA de chiffre d’affaires annuel? A ces deux questions, une seule réponse : une mauvaise gestion des ressources humaines et financières ces dernières années que tente de résoudre la nouvelle direction générale.
Une situation qui s’est considérablement dégradée ces cinq dernières années
Entre errements financiers, dépenses hasardeuses, investissements en berne, explosion des effectifs et de la masse salariale, la situation de la SEEG s’est considérablement dégradée ces cinq dernières années, soit depuis la réquisition par l’Etat. Une dégradation de l’appareil aussi bien au niveau technique avec des problèmes d’efficacité opérationnelle qu’au niveau de la qualité de service et de la gouvernance avec un mauvais management, qui, selon l’ancien PCA de la boîte, Christophe Jocktane Lawson, est clairement apparu après un audit minutieux. Autant de maux qui ont été accumulés et qui obèrent chaque jour un peu plus le fonctionnement de cette entreprise plus que jamais dans l’œil du cyclone.
Prenant le pari de relever le défi de la restructuration de cette entreprise, Joël Lehman Sandoungout, doit donc pour l’heure, composer avec toutes ces carences opérationnelles en plus de problèmes financiers avec entre autres, une dette colossale vis-à-vis de ses fournisseurs. Ajouté à celà, une volonté des opérateurs pétroliers et miniers de booster leur production. C’est donc pour l’ancien responsable de Transurb, un véritable challenge. Un challenge qui ne pourra être relevé qu’à la seule condition que le gouvernement mette également tout en œuvre, pour investir dans l’accroissement de l’accès aux services de l’électricité et la mise en place d’un marché national de l’électricité connecté aux marchés sous-régionaux.
Gageons que celui-ci puisse trouver les 45 milliards de FCFA nécessaires à la construction d’une ligne électrique 90 kV entre Fougamou-Mouila et la réhabilitation de la ligne électrique 90 kV Oyem-Mitzic. Deux des projets phares du Plan national de développement pour la transition (PNDT) dans son volet amélioration de la desserte en électricité. Concernant les populations, elles devront prendre leur mal en patience, car il faut bien le dire, le secteur de l’électricité est en proie à de nombreuses difficultés et il faudra en plus du temps une volonté politique et une conférence sans faille à l’endroit de l’équipe dirigeante pour en venir à bout.