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Gabon : les grandes courses à pied en suspens, le ministère des Sports interpellé

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Marathon du Gabon, 10 km de Port-Gentil, Run in Masuku… Autant de compétitions qui avaient hissé le pays sur la carte de l’athlétisme africain. Mais depuis le coup d’État du 30 août 2023, ces rendez-vous populaires sont à l’arrêt, laissant un vide sportif, économique et symbolique. Une absence qui soulève des interrogations sur la stratégie du ministère des Sports.

Ces dernières années, le Gabon s’était taillé une place respectable dans l’univers des courses sur route à travers trois grands événements : le Marathon du Gabon à Libreville, le 10 km de Port-Gentil et le Run in Masuku à Franceville. Tous organisés par Everest Media avec le soutien logistique et financier de l’État gabonais, ces événements fédéraient à la fois coureurs professionnels, amateurs, touristes et acteurs économiques.

Une dynamique interrompue depuis le coup d’État

Si ces compétitions étaient nées sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, elles avaient fini par transcender les clivages politiques, devenant des moments de communion nationale. Hommes, femmes, enfants, entreprises et institutions se retrouvaient chaque année autour de ces rendez-vous populaires.

Mais depuis la transition politique ouverte en août 2023, c’est le silence radio. Aucun signal n’est venu du ministère des Sports, ni de la Fédération gabonaise d’athlétisme, ni d’Everest Media. Le Marathon du Gabon, qui se tenait chaque mois de novembre dans les rues de Libreville et était inscrit au calendrier international des IAAF Road Race Label Events, n’a plus eu lieu. Son interruption prive le pays d’un événement reconnu et attendu.

Des courses aux retombées multiples

Outre leur dimension sportive, ces compétitions constituaient de véritables leviers économiques. Hôtellerie, restauration, transport, artisanat local : tout un tissu d’activités était dynamisé à chaque édition. Le 10 km de Port-Gentil, considéré comme la course la plus rapide d’Afrique sur cette distance, avait même été agrémenté d’une course pour enfants, symbolisant un ancrage local fort et durable.

Quant au Run in Masuku, son tracé exigeant à travers les collines de Franceville avait conquis les coureurs en quête de défi. Il offrait également une vitrine exceptionnelle à la province du Haut-Ogooué, alliant sport, tourisme et promotion du territoire.

Une responsabilité gouvernementale en question

L’arrêt brutal de ces événements interroge la vision du ministère des Sports pour le développement de l’athlétisme et du sport en général. Alors que de nombreux jeunes espèrent des opportunités de détection, de compétition et de professionnalisation, l’absence de calendrier clair laisse craindre un abandon de ce secteur.

Pourtant, les fondamentaux existent : des parcours reconnus, des partenaires rodés, un public mobilisé, et des athlètes en attente. Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est une volonté politique claire pour relancer la machine. La transition ne doit pas être un prétexte à la paralysie. Le sport, au-delà de ses performances, reste un vecteur d’unité nationale, de santé publique et de cohésion sociale.

Une relance attendue par tous. Alors que 2025 marque un tournant pour le pays avec la mise en place de la Vème République, reprogrammer ces compétitions serait un signal fort de normalisation et de retour à la stabilité. Le ministère des Sports est désormais interpellé : à quand la relance du Marathon du Gabon, du 10 km de Port-Gentil et du Run in Masuku ? Le pays, ses coureurs et ses citoyens attendent.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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