Gabon : les Douanes, la Sécurité pénitentiaire et les Eaux et Forêts intégrés aux forces paramilitaires

Le Conseil des ministres du 12 août 2025, présidé par Brice Clotaire Oligui Nguema, a adopté une réforme majeure de l’organisation générale de la Défense nationale et de la Sécurité publique. Objectif : moderniser l’appareil sécuritaire et renforcer la coordination des forces paramilitaires pour mieux répondre aux enjeux stratégiques et sécuritaires du pays.
Une redéfinition du périmètre des forces de sécurité et de défense. Selon le communiqué final lu par la porte-parole du gouvernement, Laurence Ndong, les articles 24, 25 et 26 de la loi n°004/98 portant organisation générale de la Défense nationale et de la Sécurité publique sont désormais modifiés pour élargir la composition des forces de sécurité et de défense.
Désormais, en plus des Forces de police nationale, ces entités incluent l’Administration des Douanes gabonaises, la Sécurité pénitentiaire et le Corps des Eaux et Forêts. Ces corps, jusqu’ici considérés comme des entités civiles spécialisées, se voient conférer un statut de corps paramilitaires.
Une tutelle centralisée mais un rattachement sectoriel maintenu
La réforme opère une réorganisation hiérarchique claire : toutes ces entités sont désormais placées sous la tutelle directe du ministre chargé de l’Intérieur pour ce qui concerne leur contribution à l’ordre public et à la sécurité nationale.
Toutefois, leur rattachement fonctionnel à leurs ministères de tutelle sectoriels est maintenu. La Sécurité pénitentiaire reste liée au ministère de la Justice pour la gestion des établissements pénitentiaires et l’exécution des peines. L’Administration des Douanes demeure rattachée au ministère de l’Économie pour les missions de contrôle et de fiscalité douanière. Le Corps des Eaux et Forêts conserve son lien avec le ministère chargé des Eaux et Forêts pour la gestion et la protection des ressources naturelles.
Des missions élargies au service de la sécurité nationale
En accédant au statut de corps paramilitaires, ces entités vont désormais concourir aux côtés des forces armées de première catégorie à la sauvegarde de l’ordre public, à la protection des ressources stratégiques et à la lutte contre les trafics illicites.
Cela signifie, par exemple, que les Douanes pourront intervenir plus efficacement contre la contrebande et le trafic transfrontalier, la Sécurité pénitentiaire bénéficiera d’un cadre d’action renforcé pour la sécurisation des établissements et la gestion des crises carcérales, et les Eaux et Forêts disposeront de moyens plus robustes pour lutter contre l’exploitation illégale du bois, la chasse illicite et la criminalité environnementale.
Une réponse aux enjeux stratégiques et aux menaces hybrides
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de rationaliser l’appareil sécuritaire et de mieux coordonner les forces spécialisées dans un contexte où les menaces sont de plus en plus diversifiées.
Qu’il s’agisse de trafics illicites, de criminalité transnationale organisée, de pressions sur les ressources naturellesou de risques sécuritaires liés aux frontières, l’État veut se doter d’une architecture plus intégrée et réactive. « Cette réforme consacre une avancée significative dans la modernisation de l’appareil sécuritaire et la rationalisation des forces paramilitaires », a insisté le communiqué du Conseil des ministres.
Vers une montée en puissance opérationnelle
Au-delà de l’aspect institutionnel, cette modification législative ouvre la voie à une formation harmonisée des personnels pour faciliter les opérations conjointes, un partage accru de renseignements entre les différentes forces et un renforcement des capacités logistiques pour couvrir efficacement l’ensemble du territoire.
En clair, le Gabon veut capitaliser sur ses forces spécialisées pour renforcer sa souveraineté, sécuriser ses ressources et dissuader toute activité illicite sur son sol ou à ses frontières.
GMT TV