Gabon : législatives et locales 2025, un désordre électoral «digne des années Mboumbou Miyakou»

« Un tel désordre, ça faisait très longtemps qu’on n’avait plus connu ça. Il faut remonter aux premières années Mboumbou Miyakou pour trouver trace d’un désordre similaire. » La phrase, lâchée ce samedi 27 septembre par un homme politique en réaction aux couacs du scrutin, illustre l’ampleur du malaise. Alors que les Gabonais se rendaient aux urnes pour les législatives et locales, la journée électorale a été marquée par une série d’irrégularités qui rappellent les pires heures des scrutins contestés.
Bulletins absents, cartes contradictoires, électeurs désorientés… Depuis ce matin, plusieurs anomalies ont été signalées à travers le pays. À Kango, le candidat Eric Boussougou (FDS) a dénoncé la disparition pure et simple des bulletins de sa liste pourtant validée. Même situation à Dienga, où Georges Bruno Ngoussi, candidat indépendant, a découvert que son nom était absent des bulletins dans les bureaux de vote.
À Ndéndé, fief du duel entre Mays Mouissi (UDB) et Yves Fernand Manfoumbi (PDG), la confusion a pris une autre tournure : de nombreux électeurs n’ont pas pu retirer leurs nouvelles cartes et ont dû voter avec leurs anciennes. Pire encore, plusieurs cartes en circulation mentionnaient des dates différentes du scrutin — tantôt le 25 août, tantôt le 25 septembre — semant la confusion jusque dans les rangs des assesseurs.
Une organisation électorale en accusation
Ces incidents ont suscité un flot de critiques visant directement le ministère de l’Intérieur, désormais en charge de l’organisation des élections après la dissolution du Centre gabonais des élections (CGE). Sous la houlette d’Hermann Immongault, la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections peine à rassurer.
« C’est un désordre organisé qui fragilise la sincérité du scrutin », a commenté un observateur, rappelant que la Transition avait promis des élections « transparentes et crédibles » pour tourner la page des pratiques héritées du PDG.
Une comparaison lourde de sens
En convoquant le souvenir des années Antoine Mboumbou Miyakou, figure controversée de la machine électorale du Parti démocratique gabonais (PDG), la déclaration de ce samedi est lourde de sens. Elle établit une filiation directe entre les dysfonctionnements d’hier et ceux d’aujourd’hui, malgré les promesses de rupture.
Reste à savoir si les autorités réagiront à ce constat sévère. Mais une chose est certaine : à quelques heures du dépouillement, la crédibilité du processus électoral est déjà entamée. Et pour beaucoup, la Transition joue désormais sa légitimité sur la capacité à restaurer la confiance dans les urnes.
GMT TV