Gabon : le Tchad ferme son ambassade et transfère sa juridiction à Malabo

Dans une note verbale datée de septembre 2025, le ministère des Affaires étrangères du Tchad a annoncé la fermeture de son ambassade à Libreville. La juridiction diplomatique tchadienne pour le Gabon sera désormais assurée depuis Malabo, en Guinée équatoriale. Si N’Djamena assure que cette décision s’inscrit dans une “rationalisation” de sa présence diplomatique, ce repli interroge sur l’avenir des relations bilatérales et régionales.
Le gouvernement tchadien, engagé dans une vaste réorganisation de sa présence diplomatique à l’étranger, a décidé de fermer plusieurs représentations. Celle du Gabon est directement concernée. Dans sa note, le ministère des Affaires étrangères précise que cette décision « ne remet nullement en cause les excellentes relations d’amitié, de coopération et de fraternité » entre les deux États, placés sous la conduite du maréchal Mahamat Idriss Déby Itno et de Brice Clotaire Oligui Nguema.
Désormais, c’est l’ambassade du Tchad à Malabo qui aura juridiction sur le Gabon, mais aussi sur les affaires liées à la CEEAC, dont le siège se trouve pourtant à Libreville. Une réorganisation qui peut sembler paradoxale, alors même que la capitale gabonaise demeure un centre politique régional incontournable.
Un signal politique entre rationalisation et repositionnement
Officiellement, N’Djamena justifie ce retrait par un souci de rationalisation et de réduction des coûts. Mais en pratique, cette fermeture interroge : pourquoi se retirer du Gabon, partenaire historique et voisin stratégique dans l’espace CEEAC, au moment où Libreville joue un rôle central dans la recomposition régionale ?
Certains analystes y voient un signal de repositionnement diplomatique du Tchad, qui pourrait privilégier d’autres axes d’influence, notamment avec la Guinée équatoriale. D’autres rappellent que les relations bilatérales, bien que qualifiées d’« excellentes », n’ont pas échappé à des tensions discrètes ces dernières années, liées à des divergences d’intérêts économiques et sécuritaires.
Quelles conséquences pour les relations Gabon-Tchad ?
Si la coopération multilatérale, notamment au sein de la CEEAC, devrait continuer à exister, l’absence d’ambassade tchadienne à Libreville constitue un affaiblissement symbolique. Elle pourrait compliquer la gestion des dossiers bilatéraux sensibles, comme la mobilité des ressortissants ou les échanges économiques.
Pour le Gabon, qui cherche à renforcer sa diplomatie régionale, cette fermeture apparaît comme une perte d’ancrage diplomatique. Elle rappelle, surtout, que la diplomatie africaine reste traversée par des logiques de réduction budgétaire, mais aussi de rééquilibrage d’alliances.
GMT TV