Gabon: le silence assourdissant d’Antonella Ndembet après les soupçons de fraude au concours de la magistrature
Fraîchement reconduite à la tête du ministère de la Justice en dépit d’un bilan peu élogieux, la magistrate Erlyne Antonella Ndembet Damas semble hurler avec les loups dans l’affaire inhérente à la fraude supposée lors du dernier Concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature (ENM). En effet, informée du gap entre les 170 annoncées et les 245 personnes finalement inscrites, le membre du gouvernement a décidé de n’enclencher « aucune initiative » pour régulariser la situation.
C’est tendrement en train de devenir une constance au Ministère de la Justice, Garde des sceaux. En effet, avec ou sans preuve, les plaintes portées devant la chancellerie sont purement et simplement banalisées. Le ministre Erlyne Antonella Ndembet Damas semble davantage préoccupée à mettre en œuvre un de ses rêves ultimes « moderniser les structures pénitentiaires au format Canadien » tel qu’elle l’a fait savoir au commissaire du service correctionnel du Canada, Anne Kelly, lors de sa visite à Ottawa.
Si l’amélioration des conditions de détention est un axe important, la formation des ressources humaines qui remplissent une fonction de jugement dans le domaine juridique et dont la mission régalienne est de trancher les litiges opposant des parties en rendant des décisions justes et équitables, ne devrait pas être une question subsidiaire. D’ailleurs, le président du Syndicat national des magistrats (Synamag) rappelait lors d’un passage à l’émission « Le canapé rouge » que les juges mal formés sont des dangers pour l’administration de la justice.
Dans le cas d’espèce, Erlyne Antonella Ndembet Damas aurait été informée de la situation ubuesque constatée à la rentrée de l’École nationale de la magistrature. Selon plusieurs sources concordantes dont Gabonreview qui relayaient des « inscriptions frauduleuses ». En effet, si ce sont 170 candidats qui ont été retenus aux termes du premier et du second tour du Concours d’entrée à ladite école organisée en novembre 2021, les lauréats ont été surpris de se retrouver à 245 au total. Soit 75 nouveaux élèves magistrats. Sapristi !
Les nouveaux inscrits seraient majoritairement des candidats ajournés aux premier et second tours et qui, par extraordinaire, se retrouvent dans la même salle de classe. L’alerte aurait été donnée par une étudiante estomaquée de voir sa copine assise à ses côtés alors même que celle-ci « n’avait pas été jugée digne ». De manière détaillée, ce sont, 45 élèves magistrats,15 greffiers principaux et 15 conseillers adjoints qui se sont ajoutés aux 170 étudiants qui ont bravé les épreuves écrites et orales pour s’admettre. Bien que des soupçons pèsent également sur leur admission. Ce qui reste à prouver.
Dans l’optique de lever toute équivoque autour de cette affaire qui commence à faire grand bruit dans la société et même dans les médias avec l’admission abracadabrantesque du désormais célèbre étudiant Wilfried Ogandaga Vissy, le cabinet du ministre Erlyne Antonella Ndembet Damas a été joint par voie téléphonique. Pour notre interlocuteur, le membre du gouvernement est informé. « J’ai lu. C’est sur la place publique », a-t-il indiqué. Avant de poursuivre en déclarant « je crois qu’ils ont débuté les cours » et de révéler qu’« aucune initiative » ne sera menée.
Selon notre confrère, Wilfried Ogandaga Vissy, l’étudiant inscrit au département de Droit à l’Université Omar Bongo (UOB) serait délégué pour la province de l’Ogooué-Maritime et membre du Bureau national de l’UJPDG, mouvement appartenant au Parti démocratique gabonais (PDG).Lors du dernier concours, l’intéressé a été recalé au premier tour de l’examen avec moins de 8/20. Par quelle magie a-t-il été racheté? Pour l’heure, Erlyne Antonella Ndembet Damas semble se terrer dans un profond mutisme, certainement, impuissante face à des mains noires tapies dans l’ombre nostalgique du népotisme. Vivement un changement de paradigme !
Plus rien ne m’étonne.