Gabon: le paludisme, cette pandémie reléguée au second plan face au covid-19
Près de 800 000 cas de paludisme, 591 décès en 2019, soit 3 fois plus que le nombre de décès imputables au Covid-19 depuis son avènement en mars 2020, soit un an et demi. En dépit de ces chiffres inquiétants, le paludisme semble concentrer moins d’énergie et de moyens que la pandémie actuelle liée au coronavirus. Relégué au second plan, cette maladie tout aussi mortelle, fait aujourd’hui face à une insuffisance des ressources financières nécessaires comme le faisait remarquer le Dr. Safiou Abdou Razack, directeur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) le 25 avril 2021 lors d’une conférence.
« L’Afrique a fait des progrès significatifs au cours des vingt dernières années (…) Bien que le covid-19 représente une menace majeure pour la santé, il est essentiel de maintenir les programmes de prévention et de traitement du paludisme. Nous ne devons pas revenir en arrière », expliquait le Dr. Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Néanmoins, en dépit de ces encouragements, dans certains pays la situation semble bien plus préoccupante notamment depuis l’avènement du covid-19. C’est le cas du Gabon, où le paludisme semble relégué au second plan.
En effet, avec près de 800 000 cas de paludisme, près de 70000 cas chez les enfants de moins de cinq ans, 591 décès en 2019, soit 3 fois plus que le nombre de décès imputables au Covid-19 depuis son avènement en mars 2020, le Gabon est particulièrement touché par ce fléau. Une situation qui semble pourtant ne pas préoccuper outre mesure, le gouvernement qui n’hésite pas à mobiliser de gros moyens dans le cadre de la lutte contre la pandémie actuelle de covid-19. Une maladie qui, soit dit en passant, a permis au pays de catalyser pas moins de 500 millions de dollars en financements extérieurs.
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Préoccupante pour les experts, dont le Dr. Safiou Abdou Razack, directeur du PNLP, qui indiquait en marge d’une conférence avec les hommes de média en avril dernier que « le covid-19 a aggravé la mortalité due au paludisme », mais également pour les populations qui considèrent ce « deux poids deux mesures comme une preuve d’un certain relâchement dans la lutte contre cette maladie pourtant tout aussi grave que le covid-19 », cette situation inquiète. Elle permet également de comprendre que le covid-19 est venu « gêner la lutte contre le paludisme » comme il l’avait d’ailleurs rappelé.
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Entre faible mobilisation des ressources nécessaires pour une intensification de la lutte contre le paludisme, faible communication autour de cette maladie pourtant bien présente du fait notamment du caractère insalubre aussi bien de la capitale que de ses environs, le Gabon qui est pourtant aujourd’hui le pays le plus riche du continent en termes de PIB par habitant avec plus de 7000 dollars devant le Botswana, peine donc à résoudre cette équation.
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Obligé de s’en remettre aux aides et financements étrangères, alors même qu’il « en est très peu éligible dans les faits », le Gabon qui ne finance ce combat qu’à hauteur de 16%, comme l’avait indiqué le Dr. Razack lors d’une interview accordée à GMT à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le palu, est donc largement à la traîne sur ce sujet. Une incongruité quand on sait que le gouvernement se vante de disposer de l’une des meilleures stratégies de riposte contre le covid-19 sur le continent.
Reste désormais à savoir si le PNLP qui veut considérablement réduire le taux de morbidité et de mortalité palustre, en élaborant son plan de communication sera mieux accompagné par le gouvernement. Ce même gouvernement qui s’apprête à élaborer un plan de surveillance dans les pharmacies dans le cadre de la lutte contre le covid- 19.