Gabon: le palais des Sports et ses 20 milliards jetés par la fenêtre
Construit en plein coeur d’une zone bien mal lotie, où se croisent voiries urbaines en décrépitude, insalubrité, commerce informel et différents maux qui minent aujourd’hui la société gabonaise, le Palais des Sports de Libreville se voulait un nouveau symbole du « sport de masse ». Financé à grands renforts de milliards de FCFA, empruntés, cet édifice qui n’est aujourd’hui, moins de trois ans après sa livraison, plus que l’ombre de lui-même, vient une nouvelle fois rappeler la nécessité d’investir dans des projets prioritaires.
La symbolique est énorme. Situé à quelques pas du Stade omnisport président Bongo dont la finalisation a pris au fil des ans, du plomb dans l’aile, le Palais des Sports de Libreville n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. Censé représenter le Sport de masse, cet édifice, construit par la China state construction engineering corporation LTD (CSCEG) et qui a jadis accueilli la Coupe d’Afrique des Nations seniors Hommes de Handball, est aujourd’hui la plaque tournante d’un corona business qui bat son plein.
En effet, financé à hauteur de 20 milliards de FCFA, empruntés auprès de la China Construction Bank (CCB) en 2018 sur présentation du ministre de l’Economie d’alors Jean Marie Ogandaga, le Palais des Sports n’a jamais rentabilisé cet investissement. Pis, si l’on dresse son bilan trois ans après sa livraison, il n’a fait que contribuer à la hausse substantielle du niveau d’endettement observé ces dernières années. Un niveau d’endettement qui affiche plus de 7000 milliards de FCFA à ce jour.
Passé de « salle multifonction » censé accueillir les plus grands évènements sportifs du continent, dans une nation qui n’en est plus une, à structure « symbole de l’excellence médicale du Gabon » dénommé Centre Gahouma, cet édifice n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. Il devrait d’ailleurs d’ici quelques années, nécessiter de nouveaux investissements pour sa réhabilitation et ainsi devenir un peu plus onéreux aux yeux de la population.
Projet mégalo, à l’image de bien d’autres mis en œuvre ces dernières années, ce Palais des Sports vient donc se joindre à la longue liste d’investissements non prioritaires mis en avant par l’exécutif. Des projets qui, en plus d’avoir été financés par des emprunts plutôt que sur fonds propres, n’ont occasionné aucune amélioration des conditions de vie des populations, mettant d’ailleurs, un peu plus en péril, l’avenir des générations futures.