Gabon : le ministre des Transports promet une réforme des prix des billets d’avion, mais les taxes restent le vrai verrou

Alors que le prix des billets d’avion continue de plomber l’attractivité du ciel gabonais, le ministre d’État Ulrich Manfoumbi Manfoumbi a affirmé, le 25 juillet dernier, que la question faisait désormais l’objet d’un traitement « prioritaire au plus haut niveau de l’État ». Une promesse qui relance le débat sur l’empilement des taxes et redevances qui alourdissent les tarifs aériens, au détriment de la connectivité nationale et de la compétitivité du secteur.
C’est à l’occasion de la visite officielle du nouvel Airbus A320 de la compagnie Afrijet à l’aéroport international Léon Mba que le ministre des Transports, de la Marine marchande et de la Logistique, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a pris la parole pour tenter de rassurer les Gabonais. Dans un contexte où le prix d’un billet Libreville-Franceville ou Libreville-Port-Gentil peut dépasser les 120 000 FCFA, soit plus que certains vols internationaux dans la sous-région, la déclaration était attendue.
Des taxes trop nombreuses pour un marché exsangue
« Je me tiens à rassurer l’ensemble des citoyens que la problématique des tarifs élevés des billets d’avion sur les vols nationaux et internationaux fait l’objet d’une attention prioritaire au plus haut niveau de l’État », avait-il déclaré. Une phrase lourde de promesses, qui répond à la grogne grandissante des usagers, des opérateurs touristiques et des acteurs économiques.
Mais au-delà du discours, ce sont les causes structurelles de cette cherté qui interpellent. À en croire les professionnels du secteur, plus de 45 % du prix d’un billet domestique ou régional au départ du Gabon est constitué de redevances aéroportuaires, de taxes de sûreté, de TVA, de RSTA (redevance de sûreté et de traitement de l’aviation), et d’autres prélèvements administratifs. Un empilement jugé « confiscatoire » par plusieurs compagnies aériennes, qui peinent à rentabiliser les lignes intérieures tout en subissant une faible demande.
Des réformes attendues, mais quel calendrier ?
Le ministre avait évoqué « un travail rigoureux et coordonné (…) engagé sur les très hautes instructions du Président de la République ». Mais aucun calendrier, aucun indicateur ni piste concrète n’a été dévoilé. Or, plusieurs rapports internes suggèrent la mise en place d’une révision des barèmes de taxation, la réduction de certaines redevances, et l’exonération temporaire pour les compagnies desservant les zones enclavées.
À deux mois des élections locales et législatives, l’initiative pourrait être perçue comme un geste politique. Mais pour les citoyens et opérateurs du secteur, l’urgence est réelle. Le transport aérien n’est plus un luxe, mais un levier de développement. Si l’État souhaite faire du Gabon un hub sous-régional, la promesse présidentielle devra se traduire rapidement en actes concrets. À défaut, le ciel gabonais restera l’un des plus fermés… et des plus coûteux du continent.
GMT TV