Gabon : le harcèlement, un acte puni par la loi mais banalisé par la population

C’est un constat alarmant qui interpelle, le harcèlement, pourtant sévèrement réprimé par le Code pénal gabonais en son article 291-1, est de plus en plus banalisé dans la société au regard des citoyens qui s’y adonnent à cœur joie. Qu’il s’agisse de l’école, du travail, de la sphère familiale ou des réseaux sociaux, ce phénomène prend des proportions inquiétantes. Une situation qui pousse à interpeller les autorités compétentes.
Au Gabon, ce qui devrait être condamné est trop souvent perçu comme normal. Ignorance des textes ou volonté délibérée de nuire ? le résultat est le même, une banalisation inquiétante. Sur les réseaux sociaux, la situation est encore plus préoccupante. Moqueries, insultes, humiliations, lynchages virtuels. Pour un simple désaccord, certains individus se voient livrés à la vindicte populaire, parfois jusqu’aux agressions physiques.
Le poids destructeur du harcèlement
Les spécialistes en santé mentale le rappellent, le harcèlement peut être verbal, physique ou psychologique, et ses effets sont dévastateurs. Derrière ce que d’aucuns appellent une « blague » ou une façon de « tester la résistance » se cache une violence insidieuse, profondément destructrice. C’est pour cette raison que le législateur prévoit des sanctions allant jusqu’à deux ans de prison et 5 millions de FCFA d’amende pour quiconque tient « des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale des victimes »
Avec l’essor des réseaux sociaux, les cas se multiplient. L’influenceur Mannequin Potelé a récemment été agressé et fait régulièrement l’objet d’insultes liées à son orientation sexuelle. La candidate aux élections locales, Haresse Kengue, est, elle aussi, la cible quotidienne de moqueries et d’injures pour des erreurs commises lors de ses interventions publiques. Pour beaucoup d’internautes, harceler une personnalité publique serait devenu un « droit ». L’expression populaire « faut avoir le cardio » illustre cette logique brutale, artistes, politiques, anonymes, personne n’est épargné.
Un danger pour la société
Dans un pays qui dit promouvoir le respect des valeurs et des mœurs, un fossé inquiétant se creuse entre les principes affichés et les comportements réels. Le harcèlement en ligne se prolonge souvent dans la vie quotidienne, avec des conséquences dramatiques, notamment pour les personnes hypersensibles. Certaines, acculées par la pression sociale, vont jusqu’au suicide. Il est temps d’agir. Le respect des lois et l’application stricte des sanctions prévues doivent devenir une priorité pour mettre fin à ce fléau silencieux qui gangrène notre société.
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