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Gabon : le gouvernement table sur un ratio dette/PIB ramené à 35% d’ici 2039

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La gestion de la dette publique s’impose aujourd’hui comme l’un des principaux chantiers du gouvernement, dans un contexte où le pays fait face à un important choc lié aux investissements structurants. Dans sa nouvelle stratégie d’endettement, couvrant la période 2025-2039, l’exécutif ambitionne de ramener le ratio dette/PIB à 35 %, soit la moitié du seuil de convergence fixé par la CEMAC. Cet objectif marque une volonté forte de consolider la crédibilité budgétaire du Gabon tout en préservant les marges nécessaires au financement du développement. Il s’agit d’un repositionnement stratégique qui vise à réduire progressivement la dépendance aux emprunts tout en maîtrisant les risques qui pèsent sur la trajectoire financière du pays.

Au 31 décembre 2024, l’encours de la dette publique est estimé par le gouvernement à 7 048,1 milliards de FCFA, dont 4 274,8 milliards constituent la dette extérieure et 2 773,4 milliards la dette intérieure. Ce volume d’endettement, contesté par la Cour des comptes qui l’évalue à 7 824,3 milliards de FCFA, reste néanmoins au centre d’une démarche de transparence et de rigueur, telle que voulue par le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima. À l’horizon 2039, les autorités se fixent plusieurs objectifs : garantir la mobilisation de ressources suffisantes pour financer les infrastructures prioritaires, assurer la soutenabilité de la dette à long terme, maîtriser le coût global des emprunts et réduire l’exposition aux risques externes. La stratégie insiste notamment sur la nécessité d’assurer un service de la dette régulier et de coordonner étroitement politique budgétaire, politique monétaire et politique d’endettement.

Une stratégie centrée sur la soutenabilité et la réduction des risques

Selon le gouvernement, le ratio dette/PIB a atteint 55,7 % en 2024, en légère baisse par rapport aux 58,2 % enregistrés en 2023. Le service de la dette, quant à lui, progresserait de 6,4 % pour s’établir à 1 633,4 milliards de FCFA, sous l’effet des refinancements partiels des Eurobonds arrivant à échéance en 2025 et 2031. Malgré cette hausse, le gouvernement anticipe une amélioration de la pression du service de la dette, ramenée à 42,6 % des recettes budgétaires contre 51,7 % un an plus tôt. Les indicateurs révèlent également qu’à moyen terme, la croissance économique hors pétrole constituera le principal levier de solvabilité.

Sur la période 2025-2039, les projections économiques tablent sur une croissance moyenne de 3 %, soutenue par les secteurs minier, forestier, industriel et des services. Les autorités estiment que le ratio d’endettement devrait se stabiliser autour de 29,9 % du PIB, soit un niveau inférieur au plafond stratégique de 35 % fixé par la stratégie nationale. En combinant discipline budgétaire, diversification économique et meilleure structuration des financements, le gouvernement entend préserver la viabilité de la dette tout en poursuivant les investissements destinés à renforcer les infrastructures essentielles et à améliorer les conditions de vie des populations. Des ambitions certes louables, mais dont la concrétisation effective demeure la grande inconnue. 

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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