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Gabon : le gouvernement promet un solde budgétaire excédentaire en 2026

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Après une année 2024 marquée par un excédent budgétaire apparent, le gouvernement gabonais affiche son ambition de stabiliser durablement les finances publiques. Selon les données issues du projet de loi de finances 2026, l’exécutif vise un budget global équilibré à hauteur de 7 231,7 milliards de francs CFA, avec 4 327,5 milliards de recettes et 4 325,2 milliards de dépenses, soit un léger excédent de 2,3 milliards de francs CFA, équivalant à 0,03 % du PIB. Une performance symbolique mais significative, après le déficit de –2,8 % du PIB enregistré en 2025. Cet objectif s’inscrit dans une logique de consolidation budgétaire progressive, portée par une reprise des recettes et une meilleure maîtrise des dépenses publiques.

Pour mémoire, le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution budgétaire de 2024 révélait un excédent global de 564,68 milliards de FCFA. Cependant, cet équilibre apparent masquait un déficit de trésorerie réel de 264,34 milliards, aggravé par des restes à payer estimés à 336,75 milliards. Autrement dit, l’État affichait des soldes positifs sur le papier, alors que plusieurs engagements n’avaient pas été effectivement réglés. L’année 2024 aura donc été celle d’un redressement comptable, plus que d’une consolidation financière effective.

Un cap affiché de rigueur et de soutenabilité

Le projet de loi de finances 2026 rompt avec cette logique de gestion différée et ambitionne un retour à la rigueur. Le déficit global du secteur public devrait passer de 3,2 % du PIB en 2025 à 1,5 % en 2026, soutenu par une hausse des recettes fiscales de 30 % et non fiscales de 74 %, mais aussi par un encadrement strict des dépenses courantes. Le gouvernement entend réduire la part des investissements financés sur ressources extérieures, sources d’endettement additionnel, pour privilégier les projets autofinancés et les partenariats à moindre coût. Cette approche vise à restaurer la crédibilité financière du pays auprès des partenaires techniques et des bailleurs de fonds.

Sur le plan de la dette, les perspectives s’éclaircissent légèrement. Après avoir culminé à 65 % du PIB en 2024, la dette publique totale devrait reculer à 63 % fin 2025, puis se stabiliser autour de 62 % en 2026. Le service de la dette, évalué à 1 050 milliards de FCFA, reste cependant lourd, absorbant une part importante des recettes publiques. Pour y faire face, le gouvernement prévoit un rééchelonnement de certains emprunts et un recours accru aux financements concessionnels. L’objectif à moyen terme est d’abaisser le ratio dette/PIB en dessous du seuil de 60 %, conformément aux critères de convergence de la CEMAC (70%).

En somme, le budget 2026 marque un tournant vers la prudence et la soutenabilité. Après les déséquilibres récurrents des dernières années, le Gabon cherche à tourner la page d’une gestion budgétaire sous tension. Reste à voir si l’excédent promis se traduira cette fois dans les caisses, et non uniquement dans les chiffres.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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